Les Oiseaux lumineux
Un monde hanté par des « spectres », humanoïdes dont la tête est une cage à oiseau contenant une sphère inquiétante. Un enfant réfugié dans un arbre. Des oiseaux comme incarnation matérielle de l’âme des individus. Une cité creuse qui se déploie comme un pop-up de papier. Une divinité à plumes. Et une philosophie du karma un peu tordue. Bienvenue dans une bande dessinée on ne peut plus étrange…
Et insondable, même. Car il faut bien avouer que cet album du jeune Roumain Andrei Puica est difficile à pénétrer et son message délicat à saisir. Construit comme un récit philosophique, une promenade poétique et métaphorique au coeur de l’âme humaine, autour des éternels questionnements – d’où venons-nous? où allons-vous? quelle est la portée globale de nos actions terrestres? –, ce one-shot fait fi d’une intrigue lisible pour enchaîner des séquences majestueuses mais hermétiques. Si on peut accepter, un temps, de se perdre dans ces planches hypnotiques, somptueuses car riches de mille détails, on finit toutefois par décrocher face à un texte alambiqué et des situations sans queue ni tête. Et à être un peu agacé par un exercice de style, certes brillant graphiquement, mais bien vain quand on n’est pas dans la tête dans son auteur. Prises isolément, les pages possèdent un charme magnétique certain, avec leur trait solide, leurs décors vertigineux (avant de se devenir illustrateur, Andrei Puica est diplômé d’architecture), leur ambiance colorée d’un mauve surnaturel, leur mise en page originale (cases flottantes, usage de la symétrie…). Mais des dessins léchés et des trouvailles visuelles ne suffisent pas à faire une bonne bande dessinée. Un poème illustré, pourquoi pas, mais pas une BD.
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