Les Petites Reines
Cette année, Mireille n’a pas été « élue » Boudin d’or de son collège de Bourg-en-Bresse. Elle ne termine qu’avec le bronze, derrière Astrid et Hakima, dans cet horrible concours animé par un petit malin cruel et brutal sur les réseaux sociaux. En apparence très détachée et pleine d’une ironie mordante qui lui permet de cacher sa colère, Mireille accueille les deux nouvelles et tente de leur remonter le moral. Très vite, une idée germe. Une idée folle, pour rendre la monnaie de sa pièce au harceleur, et prouver à tous que les Boudins ont de la ressource : chaperonnées par le grand frère d’Hakima, militaire qui a perdu ses jambes en opération, elles vont rejoindre Paris à vélo, vendre des boudins sur la route, et s’incruster à la garden party de l’Élysée du 14 juillet – car toutes et tous ont une bonne raison de squatter les jardins du président…
En adaptant le roman de Clémentine Beauvais, comme elle avait déjà pu le faire avec la trilogie Verte de Marie Desplechin, Magali Le Huche démontre une nouvelle fois tout son talent à brosser de jeunes personnages bien dans leur époque. Son trait léger et souple, toujours orienté vers la plus grande expressivité possible, insuffle une belle personnalité à chacun de ses protagonistes, Mireille, Astrid et Hakima en tête, bien sûr, mais aussi tous les personnages secondaires. Toutes les planches regorgent d’une énergie positive et rare, portées par une mise en scène fluide et des dialogues délicieux. Difficile donc de rester de marbre face à ces Petites Reines, qui ont aussi le chic d’égratigner avec justesse et malice les réseaux sociaux et l’emballement médiatique. De quoi faire réfléchir ados et parents, tout en passant un excellent moment de lecture.
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