Les Praticiens de l’infernal #3
Les frères Thémistècle sont de retour dans un chaos sans nom. Des effondrements de terrains, des moustaches d’un autre temps, des petits perlimpinpins, des crimes géologiques, un festival de fromages et par-dessus tout des accidents interplaques qui occasionnent d’étranges phénomènes. Notamment un micro séisme dans la poche d’un pantalon à Grenoble. Accident ? Acte terroriste ? Diable, que se passe-t-il sur cette Terre où rien ne va plus ? Il semblerait que quelqu’un déclenche des tremblements de terre avec sa montre. Mais, heureusement, le pigmenté Fongor Fonzym débarque avec son classeur et ses intercalaires rouge et vert pour tout solutionner…
Pierre la Police n’a peut-être jamais été aussi en forme. Dans un troisième opus toujours aussi déjanté, l’auteur nous régale de ses décalages absurde avec un sens consommé du… non-sens. Une succession de vignettes où, tour à tour, les frères Thémistècle meurent (nooon !) et renaissent (ouf !), affrontent des perlimpinpins, font du karaté très fort, luttent contre des projections de magma et des raviolis géants… ils sont non seulement très forts mais ils ont aussi le pouvoir de dire oui ou non. Résultat, le karst souffre et les dolines d’effondrement sont légion… Toujours une histoire sans queue ni tête, en apparence bancale, mise au service du détournement de la culture populaire. C’est hilarant, d’autant plus que l’auteur est aussi passé maître dans l’art du dialogue. Là encore, vide et creux en apparence, d’une platitude désarmante, ils jouent sur la théâtralité et produisent l’effet d’un dérapage verbal. Des phrases tout droit sorties d’un correcteur informatique malhabile, mais dont la simplicité et l’enchaînement relèvent ici d’une forme de génie (« Mais Chris met la main sur les fiches des affiliés du groupe de démolition. Attention, c’est ultra-confidentiel et on a absolument pas le droit d’en parler, même ici. Minute, il y avait une moto dehors.« ). La cohérence d’un univers dans le désordre des formes.
Pas facile de commenter le travail de l’immense Pierre la Police, qui nous réjouit à chaque parution d’affreuses disproportions dans le dessin (voyez cette main plate de Bégonia) tout en rendant, à sa façon, un vibrant hommage à la bande dessinée, quelque part entre Olivier Texier et Fabcaro. Sa fantaisie automatique pourrait désarmer les esprits les plus cartésiens. Foncez, les aventures des Praticiens de l’infernal sont une merveille. Une série culte désormais.
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