Les Schtroumpfs – intégrale #1 ***
Par Peyo, Yvan Delporte et cie. Dupuis, 28€, le 5 juillet 2013.
Après Johan et Pirlouit, les Schtroumpfs rejoignent naturellement le panthéon des intégrales Dupuis. Dans la même facture que les intégrales Gil Jourdan ou Jerry Spring – mêlant une maquette élégante et un papier de qualité –, le premier tome des aventures originelles, celles de Peyo, est sorti cet été. Enfin, celles que Peyo chapeaute plutôt : s’il s’agit bien du créateur incontesté des Schtroumpfs, il n’a jamais caché s’entourer de nombreux assistants, assumant un studio qu’il dirigeait parfois de très loin, mais validant et corrigeant chaque dessin avec soin.
C’est une des grandes qualités de cette intégrale, qui permet de mettre en avant le travail de chacun de ces assistants de l’ombre… Et quels assistants ! Francis (le dessinateur de Marc Lebut), Gos, Derib, Walthéry, De Gieter… Autant de futurs piliers de Spirou dont Hugues Dayez, déjà auteur de Peyo l’enchanteur, indispensable biographie parue chez Niffle en 2003, détricote l’apport dans sa riche préface.
On redécouvre aussi les liens forts d’une certaine « équipe Spirou », avec Yvan Delporte en figure tutélaire, à la fois rédacteur en chef, ami intime et scénariste foisonnant. Sans compter André Franquin, qui passe par là et à qui on doit le nom de « Schtroumpfs », anecdote célèbre évidemment rappelée, mais au milieu d’une dizaine d’autres bien moins connues.
Pour ce qui est des histoires, les quatre premiers albums sont republiés. L’éditeur en profite pour rétablir un ordre chronologique, parfois bouleversé dans les histoires courtes. On retrouve avec plaisir le village schtroumpf, l’inégalable schtroumpf à lunettes, les cadeaux explosifs du schtroumpf farceur… C’est aussi l’occasion de relire Le Schtroumpfissime, fable politique toujours actuelle sur la fragilité des institutions, ou de revivre la naissance de la Schtroumpfette, Ève moderne qui sèmera la zizanie dans le village, avant que Peyo fasse évoluer le personnage dans une vision moins misogyne.
On notera aussi la réédition du mini-récit Les Schtroumpfs Noirs, permettant de comparer cette première version avec sa refonte en grand format. Un effort intéressant qui se limite malheureusement à ce récit… pourquoi ne pas avoir également republié les autres ? Sans doute parce que les histoires sont – forcément – très similaires et que cela aurait pu être répétitif mais, enfin, vu le format, cela n’aurait représenté que quelques dizaines de pages qui auraient été profitables à tout amateur de l’oeuvre de Peyo. Si ces mini-récits ne sont pas publiés ici, où le seront-ils ?
C’est le seul petit bémol pour ce bel écrin, permettant de rendre honneur à l’un des succès incontesté et durable de Dupuis. Cette intégrale est aussi l’occasion de retrouver le charme premier des lutins bleus à l’heure où une version décérébrée (mais sans doute plus bankable) envahit les écrans du monde entier.
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