Les Spectateurs
« En ville, chacun observe autour de soi, avec sa sensibilité », note en prologue un narrateur mystérieux. Cette ville, l’ouvrage l’explore largement. Les ombres, sous différentes lumières, les bâtiments, les toits, les horizons urbains, les rames de métro, les arbres emprisonnés dans le béton… C’est aussi l’humain que ces Spectateurs regardent. Celui qui cherche péniblement sa place dans la multitude, celui qui épie, celui qui doute et se cherche une attitude, un costume, celui qui soupèse ses souvenirs, leur agrégation…
De Victor Hussenot, on avait aimé Les Gris colorés et Au pays des lignes. Deux albums expérimentaux et graphiquement riches, qui jouaient avec les couleurs, les décors, les lignes. Ici, il surprend et séduit à nouveau formellement, par une approche originale. Son histoire ne comporte pas de héros évident, pas de fil directeur autre qu’une balade subjective, impressionniste. Son trait aux teintes travaillées flatte l’oeil, ses formes variées (cases ou non, personnages perdus dans la page, décors en pleine page…) intriguent. Mais l’ensemble n’enthousiasme pas franchement : une poésie finit poussivement par s’extraire de cette succession de plans hétérogènes, mais sa petite musique peine à se faire entendre. C’est plutôt un léger désarroi que l’on ressent, face à ce puzzle esthétique, un brin creux.
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