Les Trois chiens
Pomeria aime son mari, qui est pourtant un imbécile égocentrique doublé d’un mauvais entrepreneur. Allant de ruine en déconvenues, il dilapide l’héritage familial en investissements fantaisistes. Et insiste pour que sa belle épouse lui obéisse en toutes circonstances. Un jour, Pomeria croise dans la forêt un étrange promeneur, accompagné d’un chien. Séduite, elle le lui achète. Mais son mari refuse et lui demande de rendre l’animal. Elle en achètera deux autres au mystérieux personnage. Trois chiens magiques qui vont la libérer de ses fers.
Les Italiens Samuel Daveti et Laura Camelli s’emparent d’un conte traditionnel de son pays pour en faire une fable féministe sombre, dont la magie spectrale infuse à chaque page. Car le parcours de Pomeria est celui d’une aventurière maligne, soutenue par trois bêtes aux pouvoirs terrifiants. Dont elle va se servir pour accomplir ses rêves de voyage et d’indépendance. D’un trait tourmenté, d’un noir brossé comme dans l’urgence, rehaussé d’un mauve funèbre et d’un orangé éteint, la dessinatrice dépeint un monde médiéval morne et sans perspective, qui trouvera la lumière dans l’énergie d’une femme, celle qui ne renonce pas à ses désirs, une insoumise. Un choix graphique cohérent, mais par moments un brin étouffant. Il manque ainsi parfois au livre quelques respirations, même narratives, pour prendre du recul sur cette cavalcade onirique, toute puissante soit-elle. Car elle se lit fort vite, laissant le coeur battant d’émotions mais aussi un sentiment curieux de manque. Petits défauts classiques pour ce qui était à la base un webcomic, mais qui ne doivent pas faire oublier l’originalité de la démarche.
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