Les Trompettes de la mort
Du jour au lendemain, Antoine est mené à vivre chez ses grands-parents. Il arrive sur place par un soir de pluie battante malgré ses réticences exprimées à son paternel bien trop occupé par la disparition de sa femme. Commencent pour lui des journées de vie campagnardes, aux côtés d’une mamie bienveillante et d’un grand-père taiseux tout ce qu’il y a de plus inquiétant. Lors d’une balade en forêt avec ce dernier, le récit prend un tournant fantastique et bascule dans une véritable partie de chasse dans laquelle Antoine est la proie.
Directeur artistique, illustrateur et déjà dessinateur et coloriste de deux bandes dessinées, Simon Bournel-Bosson fait son entrée dans la cour des grands avec cette première BD en solo. Sa bichromie fantasmagorique qui associe des couleurs tranchantes et pimpantes flatte la rétine. Travaillée au moyen de grands aplats, celle-ci évolue au fil de l’histoire, passant du bleu nuit/ocre, au bleu clair/rose en passant par des associations de violet, jaune et vert dans une étonnante orchestration. Un pari graphique osé qui relève un dessin rond et aéré prenant corps dans des cases et des planches grands formats.
Outre l’aspect graphique ostensiblement bigarré, son approche scénaristique est elle aussi audacieuse. Partant d’un postulat de départ assez simple, il parvient à faire doucement glisser son récit haletant dans l’imaginaire et l’allégorie. Son conte initiatique est celui du passage à l’âge adulte, de la transformation du corps et de la difficulté d’affronter la vie. Surprenant et absorbant, par ses surprises et son intensité, merveilleux, par son esthétique et ses partis-pris, ce livre est aussi une ode à la nature et une mise en perspective de la relation entre l’Homme et son environnement.
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