Les Vermeilles
La petite Jo ne supporte plus vraiment sa famille recomposée. Et profite d’une matinée de camping sauvage pour leur fausser compagnie. La voilà donc qui erre dans les bois, sans autre but que de passer du temps seule, quand elle croise des mini personnages couronnés sur de mini chevaux. Qui sont-ils? Où vont-ils? Elle décide de les suivre et découvre un petit peuple étrange et disparate, animaux anthropomorphes ou demi-mutants qui se préparent à donner l’assaut contre le château du tyran, un méchant matou griffu et pervers. Jo se retrouve embarquée dans l’aventure, où elle croisera aussi les fascinantes Vermeilles, poneys magiques de toutes les couleurs adorant les bonbons…
Quand Camille Jourdy, autrice passionnante de Rosalie Blum et Juliette, se laisse aller à un conte pour la jeunesse, cela donne un ouvrage sortant des sentiers battus. Plus par son ton et son esprit que par son fond et ses références d’ailleurs. En effet, la trame principale est assez classique, c’est celle du récit initiatique, celui de l’émancipation d’une jeune fille qui doit transformer sa colère envers les adultes et sa frustration d’être enfant en quelque chose de positif, une forme d’affirmation de soi dans le soutien aux autres. Et le passage dans un monde fantastique, très enfantin et un brin absurde, évoque directement Alice au pays des merveilles et Peter Pan. C’est donc bien dans le ton et le rythme que Camille Jourdy impose sa griffe délicate. Elle n’hésite pas à prendre son temps pour peindre l’enfance, à jouer de l’absurde dans ses dialogues, à laisser vivre ses personnages aussi – qu’on croirait parfois sortis d’une toile de Jérome Bosch mais version Haribo. Ses personnages-titres symbolisent bien l’ensemble : ces Vermeilles légendaires, chatoyantes et mystérieuse, mais accros au sucre, portent les subtiles paradoxes de ce monde, à la fois douillet et inquiétant, tendre et violent. On rit, on frémit, on se perd dans ces douces planches aquarellées et ces séquences hypnotiques. Pas sûr, a priori, que les enfants se retrouvent vraiment dans ce récit long, passionnant mais un peu intellectualisant… Mais faisons-leur confiance. Sinon, ils pourraient ne jamais revenir du pays des Vermeilles…
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