Les Voleurs de beauté
Benjamin et Hélène forment un jeune et beau couple. Ils sont sur la route du retour des vacances. Mais, coincée dans une tempête de neige, la voiture fait une embardée avant de foncer dans une congère. Les voilà immobilisés. À quelques centaines de mètres, ils trouvent un chalet, le Fanoir, toutes lumières allumées. Ils y rencontrent un autre couple, autour de la soixantaine : Jérôme Steiner, brillant avocat, et Francesca Spazzo, sa splendide femme. La rencontre se passe un peu trop bien. Car, au lendemain d’une soirée plaisante, l’atmosphère est devenue beaucoup plus lourde…
Prix Renaudot en 1997, Les Voleurs de beauté est à l’origine un très bon roman de l’écrivain et essayiste Pascal Brückner. Dans cette adaptation signée Philippe Thirault, au scénario, et Manuel Garcia au dessin, on retrouve intacte l’atmosphère de ce conte philosophique aux accents fantastiques. Avec un pitch original. La beauté et la jeunesse sont une insulte au monde, une offense à l’humanité et au temps qui passe, l’injustice la plus grande en fait. Alors, si la beauté est une infamie, les gens beaux devront payer. C’est le constat en tout cas de Jérôme et Francesca.
Si le roman était troublant, la BD l’est tout autant, évoquant le Mal et son origine, la folie et la beauté, donc, comme malédiction qui nous renvoie à notre propre médiocrité. L’histoire est ainsi rythmée par son découpage, des narrations croisées, et ses flashbacks entre la nuit d’horreur et le présent des personnages, respirations bienvenues dans un récit oppressant. Malsain ou glauque penseront certains. Le trait expressif capte lui avec justesse le passage du temps sur les visages, d’une jeunesse pleine d’éclat à des beautés fanées. D’un point de vue technique, l’adaptation est réussie. L’intrigue aussi ménage son petit suspense et les personnages, malgré un petit format, sont incarnés. Mais c’est une BD et un one-shot de seulement 64 pages. Certaines séquences s’enchaînent (trop) rapidement et les nombreux raccourcis, inévitables, font perdre en force au récit. Du coup certaines scènes, saisissantes dans le roman, risquent de paraître farfelues ou même gratuites dans la BD, car un peu décontextualisées. Mais Les Voleurs de beauté reste une BD originale par son scénario, tout à fait divertissante. Si l’on a déjà lu le roman, on la voit plutôt comme un prolongement pas désagréable, mais sans plus-value.
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