Jules Toulet, peintre et dessinateur, est « attiré par la mer comme par un aimant » — mais se prend les pieds dans les cordages. En cette fin de XIXe siècle, il rencontre Salomé Ziegler, capitaine atypique d’un navire qui accepte de l’embarquer en échange d’une toile par semaine. Au fil de l’eau, la jeune femme va se livrer à l’artiste. Racontant une enfance heureuse à Santorin dans les Cyclades, ses jeux avec son frère, son émerveillement de petite fille en écoutant L’Odyssée d’Homère, lue par sa maman. Lorsque cette dernière meurt accidentellement, la vie de Salomé bascule. L’ado s’enfuit, se heurte à la cruauté des adultes. Plus tard, elle cherche obstinément Ammôn Kasacz, un artiste qui peignit souvent sa mère, dont il était amoureux. Elle entraîne Jules à la recherche de ses peintures, de port en port…

Après Jean Harambat et son Ulysse, les chants du retour, c’est au tour d’Emmanuel Lepage (avec l’aide de Sophie Michel au scénario) de se laisser ensorceler par les péripéties du Grec — « Ce livre, c’est de l’or, de l’or qui apprend à vivre au présent », dit la mère de Salomé de L’Odyssée. Il livre avec Les Voyages d’Ulysse une épopée intime, éminemment romanesque. Une trajectoire personnelle et familiale captivante, contée par bribes successives. Graphiquement, l’auteur de Voyage aux îles de la désolation, Un printemps à Tchernobyl ou La Lune est blanche charme par un trait léger et précis, des couleurs subtiles et harmonieuses, des compositions orientalisantes splendides. Pour représenter les tableaux du peintre Kasacz, il a demandé le concours de René Follet — lequel a exhumé des dessins des années 60 et 70, et réalisé de nouvelles illustrations. Joliment imbriqués, leurs univers visuels se répondent, et tissent un récit classique, intemporel.