L’Été à Kingdom Fields
C’est les vacances ! Mais on ne dirait pas que cela emballe tout le monde. Il faut dire que le trajet est un peu long, jusqu’à ce camping de mobile home, au bord d’une mer frisquette. La petite et douce Suzie, son grand frère bougon comme un ado et leur maman arrivent finalement à Kingdom Fields, et c’est le temps de la liberté et du repos. De l’ennui aussi, et de quelques découvertes tout de même.
Découvert en France avec de petits livres chez Nobrow (Automne, Dimanche), l’Anglais Jon McNaught revient avec un album de plus grand format mais sur le même mode, qui regarde et écoute le temps s’écouler, dans un rythme lent et des pages contemplatives. Dans cet album sans autre intrigue que de peindre les petites choses de la vie, il n’hésite pas à déployer des gaufriers de 20 petites cases, pour zoomer sur des détails, écouter des gouttes tomber de la paroi d’une grotte ou des oiseaux piaffer sur le rivage. Par petite touches sensitives et dans un style graphique tout en ombres et lumières – classieuse chromie oscillant entre les bleus et les roses doux –, il compose un tableau classique d’une semaine de vacances banale, montrant parfaitement les jours et les nuits de ces enfants qui peinent à sortir de leur quotidien urbain, de leurs jeux vidéo et de leurs réseaux sociaux. Mais qui finissent par aller vers les autres, car la vie, elle est là, en vrai, et que rien ne vaut l’expérience réelle. Il brosse aussi les délicates relations fraternelles, et l’écart d’âge qui éloigne forcément, entre le temps des collections de coquillage et celui de se faire peur ou d’aller aborder les filles. On ressort de la lecture de cet Été à Kingdom Fields avec un goût de langueur estival et l’impression d’avoir fait un joli voyage immobile au sein d’un exercice de style abouti, mais qui, néanmoins, finit par tourner un peu à vide sur la fin. L’effet McNaught pourrait n’être qu’à durée limitée. Comme une semaine de vacances à la plage…
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