Par Sylvain-Moizie. Delcourt, 14,95 €, le 22 avril 2009.

Sous ce titre barbare se cache une pathologie du nouveau-né, pas si rare que ça. Il s’agit de l’étirement d’un bras au moment de l’accouchement, avec un risque d’écrasement de nerfs, qui empêchera le bébé de se servir correctement de son membre. C’est ce qui arrive à la fille de Sylvain-Moizie, jeune auteur débordant d’énergie de La Bête qui mangeait tout le monde. Dans cet épais volume, il raconte donc la venue au monde de sa petite Jeannette, ses rendez-vous chez les médecins et l’angoisse générée par son bras immobile.

Avec un style curieux et dynamique, comme si George Herriman (Krazy Kat) avait tenu un blog, illuminé de couleurs tranchées et en nombre restreint, Sylvain-Moizie frappe juste. Son récit autobiographique dépasse ainsi rapidement la simple chronique du quotidien pour devenir un édifiant reportage dans les cabinets de spécialistes sûrs de leur science et de leurs pratiques. Des pédiatres, kinés, ostéopathes se contredisant en permanence et n’écoutant jamais la détresse des parents, se moquant de leur attrait pour les médecines parallèles et de leur crainte des médicaments de synthèse. Et surtout mettant en doute leur amour pour leur enfant.

Le ballet des deux jeunes parents dans la France des blouses blanches est raconté avec tant de sincérité et un tel talent dans la structure de la narration, que l’on se passionne très vite pour leur histoire, pourtant si intime. Des BD autobiographiques de ce niveau-là, on aimerait en lire plus souvent.

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