L’Étrange Vie de Nobody Owens #1
Échappant à un tueur qui décime en une nuit toute sa famille, un nourrisson se réfugie dans un cimetière. Les spectres qui vivent là en harmonie prennent l’orphelin en pitié et acceptent de le recueillir et de l’éduquer. Tel le Mowgli du Livre de la Jungle, le petit « Bod » comme on le surnomme, grandira donc loin du tumulte des hommes, entre les tombes.
Adaptant ici son propre roman jeunesse, couronné par de nombreux prix, la rock star des lettres anglaises Neil Gaiman s’est adressé à un vieux complice de l’aventure Sandman, P. Craig Russell, pour mettre en images son foisonnant bestiaire de goules, loup-garous et sorcières. Russell opte pour un trait rond qui traduit bien le regard bienveillant que pose Bod sur toutes ces créatures, approche reprise ensuite par les nombreux dessinateurs qui lui succèdent (Jill Thompson, Kevin Nowlan, Tony Harris, Scott Hampton). Reprenant le chapitrage du livre, ce premier volume (sur deux prévus) narre quatre aventures du jeune héros à mesure qu’il grandit. Il y a beaucoup de tendresse, de la poésie et aussi du suspense dans ce joli conte gothique écrit par un Gaiman jamais aussi bon que lorsqu’il fait se percuter – comme dans American Gods, Neverwhere ou bien sûr Sandman – des univers coexistant habituellement en se tenant à bonne distance l’un de l’autre. Ici, Bod fait dialoguer le monde des morts et celui des vivants pour en conclure qu’il ne sert à rien d’avoir peur de la mort, ici représentée sous les traits d’une noble cavalière. Tout le monde finira par chevaucher un jour avec elle, mais comme elle le dit elle-même délicatement à Bod : tant que rien ne presse…
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