Lettres perdues
Iode vit seul dans sa maisonnette perdue au beau milieu de nulle part. Depuis des lustres, il attend une lettre de sa maman. En vain. Mais aujourd’hui, c’en est trop. Il se dirige vers le bureau de poste du bourg voisin bien déterminé à réclamer le courrier qui lui est dû. Sur la route, il rencontre Frangine, une fille sympa et étrange qui l’accompagnera un bout de chemin. Une fois sorti de sa petite maison perchée sur pilotis, Iode est emporté malgré lui dans une aventure rocambolesque. Comment pouvait-il s’attendre à vivre une telle histoire mêlant notamment la mafia et la police. Comment pouvions-nous nous en douter également ?
Véritable conte onirique à apprécier brut, Lettres perdues retrace un parcours initiatique au premier abord déconcertant. Le lecteur appréciera le voyage s’il accepte de dépasser sa quête de sens et de se laisser porter par le flux. Drôle, décalé et léger en première apparence, Lettres perdues évolue et s’assombrit de plus en plus au fur et à mesure de son déroulement. Avec ses faux-airs de Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry vivant dans un monde animalier fantastique abreuvé d’univers anthropomorphiques et d’œuvres de Hayao Miyazaki, le jeune homme traverse son quotidien fantasmagorique comme si de rien n’était.
Cette réjouissante imagination cache pourtant quelque chose. Fin 2018, Jim Bishop avait un temps mis un terme à sa carrière d’auteur de bande dessinée : « trop fatigant, trop coûteux en temps de vie ». Après cette pause (finalement courte) et une proposition des éditions Glénat, il a finalement repris les crayons pour accomplir les 198 planches de Lettres perdues… et sortira même une autre bande dessinée en 2022. Des retournements de situation et des surprises de cette qualité, on en veut tous les jours tant cette lecture est unique !
Par son étonnante originalité, son univers foisonnant et loufoque qui joue avec les émotions et la surprise, le voyage ne laisse pas indifférent. Et pour accompagner cette virée fascinante, l’auteur a réalisé des planches étincelantes. Ses grandes cases y respirent confortablement sous une mise en couleur franche et acidulée qui soutient son imagination fertile, poétique et mélancolique.
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