L’Éveil
D’un côté, Arthur, hypocondriaque grave, bourré d’angoisses et de manque de confiance en lui. Qui passe ses dimanches à visiter des malades en phase terminale à l’hôpital. De l’autre, Sandrine, artiste de rue pleine de vie, qui va confier son grand projet à Arthur : installer des oeuvres dans les rues de Bruxelles (tronc grignoté, mur lacéré…) comme autant de « preuves » du passage d’un monstre, genre saurien géant. Afin de faire lever la tête aux passants et leur faire prendre conscience de l’importance d’ouvrir l’oeil (et le bon) sur les absurdités du monde moderne. Un drôle de couple est né, pour le meilleur mais, hélas, aussi, pour le pire.
Inspirée par l’expérience de la Quincaillerie, lieu éphémère d’Ixelles qui a accueilli le temps d’une saison (fin 2015) des débats et projets culturels, cette histoire de Vincent Zabus (Incroyable!, Les Chroniques d’un maladroit sentimental…) possède un charme fou. Car le scénariste a trouvé le bon ton – poétique et surréaliste mention drôle – et la bonne narration – récitatif théâtral du héros s’adressant directement au lecteur/spectateur – pour parler d’art, d’engagement, de solitude urbaine et de la nécessité d’injecter une forme de fantaisie dans sa vie pour ne pas se nécroser. Au dessin, Thomas Campi (Macaroni!) répond à cette belle inspiration par un trait plein de matière crayonnée et des couleurs chaleureuses, sous une tonalité brique. Ensemble ils composent un album attachant et inventif, original et touchant, de ceux qui font passer un moment de lecture plein d’émotions. Et qu’on referme une larme à l’oeil et un sourire aux coins des lèvres.
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