L’Extaordinaire Traversée de Julius Crèvecoeur
Hambourg, Allemagne, 1930. Le détective Julius Crèvecoeur rêve de résoudre des crimes sordides et des attentats complexes, mais il doit se contenter de filer des maris volages pour boucler les fins de mois. Et ce, alors que la tension dans le pays envers les juifs et les étrangers – son assistant est chinois – se fait de plus en plus forte, les nazis agissant en quasi impunité. La lettre que Julius reçoit alors un jour apparaît comme un signe du destin : on le convie à une croisière transatlantique pour lui confier une mystérieuse enquête. Le voilà qui monte sur un paquebot labyrinthique, peuplé de personnages bizarres…
Mêlant la grande Histoire – montée du nazisme, émigration massive vers les États-Unis – et le polar au ras du pavé, Chendi et Julian Voloj (Not a New York Love Story, Basquiat, Ossi…) prennent le temps de construire un petit univers solide, animé par un anti-héros tantôt attachant, tantôt pénible, plutôt passif face aux événements extraordinaires qui vont lui arriver. Grâce au dessin fluide et envoûtant de la Chinoise Chendi – vraie révélation de cet album, dont elle est à l’origine –, l’ambiance prend rapidement le pas sur l’intrigue, et l’on se pique au jeu de cette croisière insolite et un brin glauque, dont la destination semble de plus en plus funeste à mesure que les chapitres avancent. Il reste tout de même un peu trop de flottement dans l’enchaînement des séquences, un incipit trop étiré et pas assez fort émotionnellement, et une résolution un brin décevante. Des erreurs de jeunesse, sans aucun doute, qui n’empêcheront pas de suivre la carrière de la jeune autrice de très près.
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