L’Extravagante Croisière de Lady Rozenbilt
Récompensés à Angoulême en 2012 pour leur série Cité 14, Pierre Gabus et Romuald Reutimann remettent le couvert pour un one-shot tout en couleurs, dans le même esprit, avec des ingrédients similaires. C’est-à-dire un univers fantaisiste prenant sa source dans une imagerie années 40-50, un soupçon de surnaturel et une bonne dose d’humour et de péripéties. On suit ainsi les mésaventures d’une bourgeoise amatrice de sensations fortes (du criminel psychopathe à la créature fantastique), d’une famille de félins télékinésiques, et d’un héritier arrogant et tête-à-claques…
On retrouve ici certains des éléments qui avaient fait le charme de Cité 14: un monde plein de surprises, un rythme narratif singulièrement irrégulier, un curieux jeu avec le langage, un mélange entre personnages humains et animaliers… Hélas, ici, malgré la pagination importante (128 pages), une ligne claire vivifiante et quelques bonnes saillies scénaristiques, la magie n’opère pas. La faute sans doute, justement, à la longueur du récit, qui se perd plusieurs fois en cours de route, dans des moments creux et bancals franchement poussifs. On peine alors à s’attacher à des personnages-pantins dans un décor en carton, à se passionner pour le mystère des profondeurs, à se laisser chavirer par les retournements de situation improbables… Dessins et cadrages connaissent aussi leurs temps faibles, comme si Reutimann se mettait à bailler du crayon face aux ennuyeux événements. On est ici bien loin des oeuvres d’Yves Chaland, auxquelles les auteurs font évidemment référence, et même de la joyeuse étrangeté qui faisait la saveur de Cité 14. Dommage.
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