L’Heure la plus sombre **
Par Emmanuel Moynot. Futuropolis, 16 €, le 6 novembre 2008.
La violence psychologique, d’abord ténue, insidieuse, puis étalée au grand jour. Voilà le sujet du nouvel album d’Emmanuel Moynot (auteur notamment de Pourquoi les baleines bleues s’échouent-elles sur nos rivages ? chez Dupuis). Le glauque semble d’abord y régner en maître – l’intrigue débute dans un relais routier, sur fond de harcèlement sexuel -, avant de céder la place au romantisme pur. Nouria, serveuse maltraitée par son patron, est sauvée par un prince apparemment charmant : Jean-Claude l’emmène gentiment dans son gros camion. Mais, sous prétexte de lui porter secours, il l’enferme dans un appartement. Plutôt secouée, Nouria se sent rassurée, comme dans un cocon. Son protecteur, marié et père de famille, l’entretient, lui donne la becquée, la rend dépendante. Jusqu’au jour où la jeune femme commence très progressivement à mener sa propre vie…*
Habile à doucement faire monter la tension de sa narration jusqu’à un climax, l’auteur emballe cette histoire d’amour et d’embrouilles dans des teintes ocre et violette. Plutôt expressifs malgré des traits figés, ses personnages s’engluent toutefois dans certains clichés (« Moi, des sourires, j’en vois pas tous les jours », précise Jean-Claude en ouverture de l’album). Peut-être nécessaires pour les situer plus rapidement sur une échelle sociale et affective ?
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