L’Histoire de l’ours
Attention : objet BD non identifié, à mi-chemin entre l’art contemporain et le 9ème art, à la narration troublante. Ici pas de cases en damier mais de magnifiques peintures de taille identique, aux noirs profonds et aux blancs sales, qui s’étalent en double pages (sur plus de 400 pages). Elles sont accompagnées de récits qui s’enchaînent sans lien logique : la chronique d’un ours poursuivi à travers plusieurs pays fait suite aux souvenirs du narrateur quand il était ambulancier.
Au début les peintures semblent sans rapport, comme si elles suivaient leur propre fil directeur. En fait, elles illustrent étrangement les histoires pour en donner une vision fantasmée, comme sortie d’un rêve sombre et vaguement effrayant. Sous le pinceau de Stefano Ricci (auteur et illustrateur italien de 47 ans), l’ours ressemble autant à un homme croulant sous le poids des ans et de la dure réalité qu’à une bête sauvage. Et les ambulanciers prennent les traits d’un singe inquiétant et d’un lapin aux regards de ténèbres.
On reste fasciné par ces images étranges, ces peintures prises en photo pour mieux révéler les jeux de matière grâce à l’éclairage. Mais cette narration qui a la consistance des rêves est difficile à suivre : les tableaux souvent abstraits et le pêle-mêle de souvenirs et d’anecdotes laissent le lecteur sur le bord de la route, malgré leur élégance.
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