L’Homme de la situation
Manu a 36 ans, adore son métier d’instituteur, mais aspire à davantage. À se reconstruire après une rupture difficile, à obtenir un poste à responsabilités au sein de son école. Hélas, rien ne se passe comme il le veut. Doublé par une collègue sur ce fameux poste, pour respecter la parité dans les instances, il explose et se voit proposer un congé forcé. C’est alors qu’il tombe sur une ado touchante, contrainte de s’occuper d’une ribambelle de frères et sœurs, handicapés ou déscolarisés, car la maman doit gérer son hôtel toute seule. Manu va alors passer du temps avec ces petits déshérités, leur faire la classe à domicile, devenir un peu un membre de la famille. Jusqu’à se laisser piéger dans cet étrange hôtel…
Ça commence comme une comédie dramatique pré-crise de la quarantaine, ça se poursuit comme un conte à tendance horrifique et ça se conclut comme une métaphore sur les crises d’angoisse… Sans vouloir dévoiler davantage des tenants et aboutissants de l’intrigue alambiquée de cet album, on peut simplement établir que Lou Lubie joue avec malice des apparences et construit un scénario marchant sur un fil entre le thriller fantastique et l’analyse psychologique. Son héros se veut fort, invulnérable et le coeur sur la main, mais il va se retrouver victime de sa propre gentillesse et de son aveuglement quant au monde qui l’entoure et, surtout, quant à ses propres failles. Problème, à force de jouer sur les deux tableaux, l’autrice de Goupil ou face ne semble pas choisir et offre une conclusion assez décevante à son histoire. Dommage, car son sens du rythme et de la narration avait fait jusque-là de son livre une plaisante BD à suspense, dont on tournait les pages avec fébrilité, oubliant presque l’aspect trop lisse du dessin et ses maladresses criantes. Hélas, sa chute fade – et même un peu risible par certains côtés – fait s’écrouler son château de cartes. Et laisse penser que c’était l’idée de départ qui n’était pas si bonne… Une grosse déception.
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