L’Homme en noir
Qui est cet homme en noir qui terrorise Mattéo toutes les nuits, à le faire mouiller son lit ? Qui est cette silhouette angoissante qui hante son existence, ses dessins et ses pensées, à lui faire perdre pied ? Il ne peut le nommer face à ses parents, ni en parler à son meilleur ami. Jusqu’à ce que la figure de cauchemar devienne réelle et qu’il doive la confronter…
Après La Petite Lumière, Grégory Panacionne se penche de nouveau sur l’enfance en danger, à travers un scénario de Giovanni di Gregorio (Les Soeurs Grémillet) dont la tonalité onirique et mystérieuse ne laisse que peu de place au doute : Mattéo a été victime d’une agression, dont il a trop peur de parler. Réfugié dans son univers mental, avec un unique copain dont on se demande s’il existe vraiment, il semble toujours être dans la lune pour ses parents, aveugles à l’évidence. L’histoire est sobre et efficace, mais surtout les images de Panacionne sont impactantes, troublantes, parfaitement en phase avec les terreurs d’enfant. Il joue avec le rythme d’un découpage alterné entre cases denses et grandes images en pleine ou double page, s’appuie sur un usage de la couleur subtil (pénombre, silhouette noire dans un décor lumineux…), et met le paquet sur l’expressivité de son jeune héros. Le récit en tire une force impressionnante et une aisance de lecture rare, même si habituelle chez le dessinateur de Chronosquad ou Un océan d’amour. Seul bémol, sans doute, un volume trop vite lu, dont le mystère est trop vite éventé (et même qu’on s’en doutait bien avant) : là où La Petite Lumière brillait par ses non-dits et son atmosphère funèbre difficile à cerner, cet Homme en noir est paradoxalement un peu trop évident. Pas si grave, mais un brin frustrant.
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