L’Hôte ***
Par Jacques Ferrandez, d’après l’oeuvre d’Albert Camus. Gallimard, 13,90€, le 13 novembre.
Originaire d’Algérie, qu’il a quittée enfant, avant que la guerre ait lieu, Jacques Ferrandez est habité par l’histoire de ce pays – qu’il a habilement racontée dans la série Carnets d’Orient. Il paraît donc tout naturel de voir son nom associé à celui d’Albert Camus. Il a choisi d’adapter L’Hôte, nouvelle parue dans L’Exil et le Royaume.
On y voit un instituteur vivre « comme un moine, dans une école perdue » selon celui qui le livre en blé. Lui considère les choses autrement: « Avec mes murs crépis, mon puits et mon ravitaillement hebdomadaire, je suis un seigneur ici ». Un policier vient troubler son quotidien en lui confiant un prisonnier, qu’il devra livrer vingt kilomètres plus loin. « Après ce sera fini, tu retrouveras tes élèves et la bonne vie », lui assure-t-il, bonhomme. Sauf que l’enseignant se pose des questions, et ne suit pas la voie tracée par l’administration…
Réaliste et élégant, le trait de Jacques Ferrandez traduit sobrement la solitude de l’instituteur perdu dans l’immensité des paysages algériens. Avec une grande économie de mots, il raconte un cas de conscience aux conséquences que l’on suppute tragiques. Et transpose avec intelligence une oeuvre ramassée et forte.
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