Un aéronef s’écrase sur une planète. En sort un robot, intact sauf quelques fichiers corrompus. Il va rapidement découvrir ses quelques comparses robotiques, et surtout leur maître, un humain. Qui va leur expliquer le principe de la mission : retrouver sa scientifique de femme, arrivée dans un autre vaisseau, pour travailler à une solution pour repeupler la Terre. Car oui, cette planète peuplée de singes – géants, rouges ou volants – est bien la Terre, des centaines de milliers d’années après la disparition de l’homo sapiens…

Écosystème décimé, fin de l’espèce humaine, développement des intelligences artificielles… Les thèmes de science-fiction choisis par Diego Agrimbau sont dans l’air du temps et exploités de manière fine, dans un scénario à rebondissements. Car le plan initial des époux tombe rapidement à l’eau. S’en suit une spirale cauchemardesque qui fait ressortir les pires instincts de l’être humain : soif de pouvoir, de domination, obsession de la gloire et de la postérité. Comme son titre l’indique, c’est donc bien l’humain qui est le sujet de ce one-shot parfaitement ciselé : qu’est-ce que l’essence de l’homme? qu’est-ce qui le distingue d’un animal ou d’un robot? quel est son avenir? doit-il toujours être au-dessus de tout? Tour à tour passionnant et terrifiant, le livre se dévore avec avidité, et l’on ressent presque une toute petite frustration à la fin, car on sent que les auteurs auraient pu pousser encore plus loin dans leur réflexion et leur extrapolation de la fin de l’humanité telle qu’on la connaît aujourd’hui. Mais la ligne claire de Lucas Varela, fine, lisible, et d’une froideur volontaire parfois assez flippante, rehaussé de teintes rougeâtres, emballe tout du long. Les deux auteurs avaient déjà signé ensemble le formidable Diagnostics et le surprenant Le Jour le plus long du futur . Ils ajoutent une belle pierre à leur oeuvre singulière.