Liber Pater
Déjà auteur de Château Bordeaux et de la série Vinifera, entre autres, le Bordelais Éric Corbeyran raconte ici le parcours de Loïc Pasquet, qui a réussi à retrouver le goût disparu du vin de sa région des Graves. En replantant des vignes d’avant le phylloxéra et les greffes de cépage sain. Un pari risqué doublé d’une démarche de retour aux techniques anciennes et de compréhension du fonctionnement global d’un écosystème, loin des contraintes des appellations et règlements agricoles.
Le scénariste opte pour un récit à la première personne, « face caméra », dans lequel Loïc Pasquet détaille son parcours, ses recherches, ses choix. Sa vie personnelle aussi. On n’est pas dans le documentaire distancié ou l’enquête journalistique, puisque sans voix contradictoire. Mais bien dans une forme d’autobiographie, explicitant le grand projet sociétal qui sous-tend sa succes story : retrouver le goût d’un produit plusieurs fois millénaire, faire comprendre que l’homme doit vivre avec la nature et non pas la contraindre, et espérer vivre en meilleure santé, et plus longtemps. Ces grandes ambitions un peu lyriques et l’absence de contradicteur ne grèvent pas du tout l’ensemble, qui est tout à fait passionnant et motivant. À l’image du dessin de Horne (Elle s’appelait Sarah, Le Quatrième Mur, Watch Dogs…), réaliste et soutenu par un élégant lavis lie-de-vin, dans un registre qu’on ne lui connaissait pas mais dans lequel il se révèle fort convaincant. Une bande dessinée sur le vin bien différente des Ignorants d’Étienne Davodeau, mais qui apporte un point de vue complémentaire et très intéressant.
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