Ligne B
Laurent est vendeur de téléphone en grande surface, harcelé par son chef de rayon et par des petits délinquants dans les transports de banlieue parisienne. Jeune père de famille sans réelle ambition, et trouillard résigné depuis l’enfance, sa vie bascule lorsqu’il se fait voler son portable, sans réagir, à l’instar des autres passagers du bus. Seule solution : devenir à son tour pour une « racaille », ou du moins en avoir l’air. On est alors en 2005, et les cité autour de Paris s’embrasent…
Pour un premier album de fiction, Julien Revenu s’attaque à un sujet compliqué – la violence urbaine quotidienne – et ne prend pas le chemin le plus aisé. On colle ainsi aux basques (puis aux baskets) d’un type extrêmement banal, un jeune Monsieur-tout-le-monde qui fuit la violence, verbale et physique, et se retrouve ainsi victime idéale de petits voyous comme de managers irascibles. Et comme une version discount d’American Psycho ou une déclinaison RER de Taxi Driver, le couard Laurent va tenter de se transformer en machine à distribuer des mandales. Mais la coupe de cheveux de Pascal Brutal doublée d’un regard noir ne suffit pas, et de toute façon la violence n’entraîne jamais rien de bon.
Cette spirale de la frustration est parfaitement mise en scène, avec la bonne longueur de séquences, des dialogues sobres et justes, et un sujet maîtrisé. Côté dessin, le jeune auteur propose un trait plutôt rond et peu détaillé, privilégiant le rythme et l’expressivité – un bon choix. On est plus réservé sur le décor global choisi – les émeutes de 2005 – et la course-poursuite mélodramatique finale. Comme s’il sortait de son sujet, se laissant griser par le tourbillon de sa fiction. Néanmoins, Ligne B, par son réalisme global et son sujet fort et rare, fait souvent froid dans le dos. Et pose son auteur comme un talent à suivre de près.
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