Ligne de flottaison
« Côté audition et mobilité, c’est pas trop ça. » Pourtant, Lucy va passer huit jours sur un paquebot avec ses grands-parents nonagénaires, dans les Caraïbes. La jeune Américaine de 27 ans s’est dévouée pour qu’ils puissent goûter l’air du large, une dernière fois peut-être. Elle les prend en charge au départ de leur maison de retraite du Connecticut, les guide à l’aéroport. Mais cette « pauvre free-lance célibataire et obsessionnelle » doit déployer des trésors de patience pour rassurer sa grand-mère à l’esprit confus, occuper son grand-père (qui urine régulièrement dans son pantalon), anticiper leurs besoins…
Tranche de vie autobiographique, Ligne de flottaison est une parenthèse familiale empathique. On souffre avec Lucy sur cette « ville flottante » où ses grands-parents se perdent, on imagine sa solitude, son désarroi, on apprécie sa sollicitude, son sens du sacrifice. Dommage que, sur la forme, ce témoignage n’aille pas bien loin : le style de l’auteure n’est pas désagréable (peu ou pas de décors, des personnages croqués d’un trait simple, gai et coloré), mais son parti-pris narratif est un peu simpliste. Elle tente de le complexifier en intégrant des extraits du journal tenu par son grand-père pendant la guerre, mais le procédé n’apporte pas grand-chose à l’affaire. On referme son ouvrage amusé, un peu ému aussi, mais en regrettant qu’elle n’ait pas réussi à transcender l’anecdote, pour lui donner une portée plus universelle.
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