L’Île aux femmes
Céleste Bompard est un aviateur et un joli coeur. Un voltigeur professionnel à l’heure des premiers biplans, et un amant insatiable. Engagé comme pilote dans l’armée durant la Première Guerre mondiale, il vient chercher des kilos de lettres de poilus au milieu des tranchées. Hélas, en repartant, canardé de toutes parts, il se perd et s’échoue sur une île tropicale, en apparence déserte. Déserte ? Pas si sûr : une tribu de femmes s’y épanouit avec bonheur sans les hommes. Comment se fera-t-il une place?
Revisitant à la fois les récits de naufragés et les vieux mythes mi-coquins mi-cauchemardesques d’un homme seul parmi des dizaines de femmes, Zanzim (Ma vie posthume, La Sirène des pompiers…) propose une fantaisie délicieuse et pleine d’humour. Joliment rythmée et contée de manière très fine, son histoire se concentre davantage sur le portrait d’un homme qu’on apprend à apprécier, au fur et à mesure qu’il délaisse sa concupiscence au profit d’un simple amour du prochain. Tour à tour homme à tout faire, cuisinier et poète, Céleste s’ingénie à séduire les habitantes de l’île sans les brusquer – mais qu’il est difficile de se maîtriser dans ce paradis terrestre peuplée de femmes dévêtues ! –, et se révélera plus fragile qu’il ne voulait le laisser paraître. Avec un dessin mouvant, expressif, laissant la ligne et les détails raconter autant que le texte, Zanzim démontre une belle maîtrise narrative par un graphisme toujours dans le ton, idéalement souligné par le travail de couleurs d’Hubert, toujours impeccable. Un délice.
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