L’Île infernale #1-3
Série terminée en trois tomes.
Une œuvre, qu’elle soit de pierre, de celluloïd, de papier, est avant tout la représentante de son époque. Dans les années 1950-60, la peur atomique a donné nombre de classiques du cinéma fantastique et de science-fiction (Godzilla, La Guerre des Mondes…). Dans les années 2000, la théorie du complot et la paranoïa font encore aujourd’hui les beaux jours de nombres de superproductions hollywoodiennes. Enfin, depuis la crise de 2008 et, trois ans plus tard, l’accident nucléaire Fukushima suite au tsunami, les différents gouvernements nippons n’ont plus le vent en poupe dans un pays déjà en quête d’une identité propre malgré son histoire de 5000 ans. Tout un paradoxe en soi.
L’Île infernale, c’est (encore?) une histoire d’île prison où sont envoyés les pires criminels du Japon. Ils y construisent une société dictatoriale où survivent des parias comme Ei Mikoshiba, un tueur ayant déjà cinq victimes à son palmarès. Mais loin d’être un simple survival bien fichu et violent, ce manga est avant tout un thriller… médical, voire de politique fiction. Une enquête passionnante aux multiples rebondissements savamment dosés et diaboliques ! Ei poursuit-il réellement le tueur de sa famille sur ce lopin de terre maudit ? Pourquoi a-t-il tué des innocents pour se faire emprisonner ? Quelles expériences le gouvernement mène-t-il sur cette « Ile du Docteur Moreau » nouvelle version ? Autant de questions pour un éprouvant road movie se lisant d’une traite tant les coups de théâtre se succèdent à un rythme… infernal !
L’Ile Infernale, c’est donc avant tout un scénario brillant mélangeant action et réflexion, suspense et trahison, espoirs et manipulation. Un blockbuster qui pose aussi des questions morales sur ce qu’est capable de faire l’homme pour survivre, le politique pour servir son pays, le médecin assouvissant sa soif de reconnaissance en envoyant valdinguer son serment d’Hypocrate ! Le tout est mis en image avec efficacité car le trait de Yusuke Ochiai est brut de décoffrage, presque violent. Et c’est une excellence surprise, car il est totalement inconnu en France. Si d’autres œuvres de cet auteur sont du même acabit, on trépigne par avance de savoir si l’éditeur Komikku (ou ses concurrents) vont nous faire le plaisir de les traduire.
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