L’Île Louvre
Après Nicolas de Crécy, Marc-Antoine Mathieu, Enki Bilal ou Etienne Davodeau, c’est au tour de Florent Chavouet de frotter son inspiration à l’imposant musée du Louvre, pour la collection dédiée de Futuropolis. L’auteur de Manabe Shima ou Petites coupures à Shioguni se glisse très modestement sur cette Île Louvre, le titre de son album. Assez classiquement, il se met d’abord en scène dans les galeries souterraines du bâtiment, où il se fait faire un « passeport », une carte l’identifiant comme auteur et lui donnant un accès particulier. Après une vertigineuse double page — le hall du musée, emploi de visiteurs de toutes nationalités et tous âges, discutant dans des langues diverses… —, on suit un couple de personnes âgées en verve dans l’aile Richelieu. Puis on bifurque vers un Japonais cherchant Le Radeau de la méduse, des gamins chahuteurs, deux jeunes complètement perdus, une classe de CM2 venue de Lorraine, ou encore des gardiens aux positions variées.
Difficile de ne pas se laisser séduire par son style délicat, subtil, inventif, tantôt d’une précision horlogère, tantôt plus fantaisiste (l’auteur aime déformer légèrement les têtes, imposant peut-être ainsi plus fortement ses personnages dans le décor). Quelques coups d’éclats — une vue du Louvre en plongée, onirique et dépliable — achèvent de convaincre qu’on lit ici une oeuvre graphiquement riche et aboutie. Dommage toutefois que le parti pris narratif ne soit pas plus audacieux : Florent Chavouet narre habilement des anecdotes, croque de petits portraits. A la manière d’un David Prudhomme dans La Traversée du Louvre, il relate une succession de courtes scènes, mais sans vraiment les relier ou les scénariser. Ne dépassant malheureusement pas l’évocation — même brillamment dessinée.
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