Lino Ventura et l’oeil de verre
Merlin, un journaliste comme on en fait plus, rencontre Lino Ventura : homme d’instinct, colosse au grand coeur et immense acteur de la trempe des Gabin, Signoret, Blier… Au fil des entretiens, celui qui s’est illustré aussi bien dans Les Tontons flingueurs que dans L’Armée des ombres, se livre sur ses débuts dans le catch, sur son enfance dans une famille d’immigrés italiens, sur ses blessures, ses amitiés, son rapport au cinéma – dont la caméra lui faisait penser à un oeil de verre – et ses relations tumultueuses avec les réalisateurs. Mais aussi sur son intimité, son enfant handicapé et son engagement dans l’association qu’il a fondée, Perce-Neige.
Bel hommage rendu à l’acteur Lino Ventura que de lui consacrer un des premiers opus de la nouvelle collection de Glénat, 9 et demi, dirigée par Noël Simsolo (Pornhollywood, Docteur Radar, Les Miroirs du crime, Sacha Guitry) ; l’autre BD, sortie ces jours-ci, rendant hommage au réalisateur Sergio Leone. Le biais scénaristique, la fausse interview, s’il peut apparaître comme artificiel, fonctionne pourtant bien car il permet de mettre en scène le personnage Ventura entre répliques cinglantes et attitude mutique. On retrouve donc assez bien le jeu de l’acteur mythique dont s’est inspiré aussi bien Arnaud Le Gouëfflec (Vince Taylor, Mondo Reverso, Soucoupes, La Carte du ciel…) pour l’histoire, que Stéphane Oiry (Maggy Garrisson, Une vie sans Barjot…) pour les dessins, soignés comme autant de plans de cinéma, tracés aux contours épais comme pour mieux épouser la carrure de l’acteur. L’atout majeur de la BD est de faire émerger toute la complexité et la sensibilité du personnage, cela traduit chez les auteurs un beau travail pour s’immerger et digérer l’immensité de l’oeuvre et de la vie de Lino Ventura. Un modèle de biographie dessinée.
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