Par Nicolas Debon. Dargaud, 16,45 €, le 1er juin 2012.

Après un très beau récit sur les débuts du Tour de France (Le Tour des géants), Nicolas Debon retourne aux sources d’un autre sport, un autre défi, bien plus vertigineux que le cyclisme : l’alpinisme. Dans ce one-shot à la couverture très graphique, l’auteur retrace la conquête de quelques sommets impressionnants des Alpes par Mummery, Burgerner et Venetz, à la fin du XIXe siècle.

À cette époque-là, où des explorateurs parcourent encore le globe à la recherche de terres riches à posséder et de trésors à mettre au jour, ce n’est pas seulement la gloire d’être le premier à avoir vaincu un sommet qui importe. Mais se montrer à soi-même et aux autres dans la vallée, que l’homme, avec un peu de ténacité, d’audace et d’intelligence, peut relever les défis que lui impose la nature. Et c’est au travers d’anecdotes d’ascensions que Nicolas Debon pénètre l’esprit d’aventure qui animait ces types qui gravissaient des murs de pierre de 4000 mètres, tout juste équipés d’une corde, d’un piolet et de bonnes chaussures… Avec un style très pictural et une utilisation subtile et poussée du pastel, l’illustrateur – qui n’en est qu’à sa deuxième longue BD solo – offre de somptueuses planches de crêtes escarpées au lever du soleil et des gros plans enthousiastes de ses personnages, si rapidement attachants. Malgré un certain manque de liant entre les séquences, on se laisse porter avec bonheur par la simplicité douce du propos et l’air pur des cimes. Pour peu qu’on aime les paysages de montagne et la marche sur les glaciers, L’Invention du vide se révélera aussi impressionnant qu’instructif. Et imposera à nouveau clairement la montagne comme décor idéal – brut, vierge, mystérieux – pour une bande dessinée.

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