Liv Strömquist, une drôle de féministe suédoise
Qu’est-ce que le couple aujourd’hui ? Comment les relations sentimentales naissent-elles et se développent-elles, et par quels biais sont-elles influencées ? Dans Les Sentiments du Prince Charles, la trentenaire Liv Strömquist analyse la façon dont on s’aime (ou croit s’aimer), s’appuyant sur des théories de sociologues ou psychanalystes. Un essai résolument féministe, brossé d’un trait décomplexé et non dénué d’humour. La Suédoise s’en explique pour BoDoï.
Pourquoi vous pencher sur la nature du sentiment amoureux ?
Beaucoup de gens – moi y compris – passent un temps fou à réfléchir à cela… Qu’est-ce que l’amour ? Comment faire fonctionner une relation amoureuse ? Comment les relations de pouvoir entre les hommes et les femmes s’installent-elles ? etc. Avec mes amis, je discute de cela en permanence, et c’est ce qui m’a poussée à beaucoup lire sur le sujet, puis à tirer de ces informations un livre.
Avez-vous souffert de sexisme ?
Bien sûr. Je pense que nous souffrons tous d’attentes sociales induites, selon que l’on est un homme ou une femme. Le genre auquel nous appartenons nous influence énormément. Et ces rôles que nous jouons selon notre sexe sont une construction sociale, le produit de la culture dans laquelle nous évoluons. Quand j’étais plus jeune, les garçons s’exprimaient à travers la musique, le graffiti, le skating ou la bande dessinée, tandis que les filles se contentaient de regarder ce qu’ils faisaient… J’ai dû en passer par le féminisme avant de devenir créative. Analyser la structure des genres féminin et masculin m’a permis d’acquérir la force de croire en moi-même, et de commencer à m’exprimer artistiquement.
Que symbolise pour vous le mariage ?
Je n’ai rien contre le mariage en tant qu’institution sociale, mais je ne pense pas qu’un amour romantique puisse rendre quelqu’un heureux jusqu’à la fin des temps. Je crois plutôt à une sorte de camaraderie à travers l’existence, qui peut aider à supporter le pire et profiter du meilleur.
Comment êtes-vous devenue féministe ?
C’est arrivé quand j’avais 17 ans, lors d’une conférence donnée par une chercheuse suédoise, elle-même féministe. Une fois rentrée chez moi, j’ai dévoré toute la littérature féministe disponible à la bibliothèque de ma ville natale – environ cinq livres… Un peu plus tard, j’ai étudié les sciences politiques, la sociologie, la littérature et la philosophie.
De quelle façon avez-vous réalisé cet album ?
J’ai utilisé un stylo pour tracer les contours, puis rempli les blancs via Photoshop. Je me sens influencée par la BD alternative, par exemple le travail de Marjane Satrapi.Bien sûr, je doute parfois de moi, de l’intérêt de ce que je suis en train de faire. Mais la plupart du temps, je me sens envahie par un puissant sentiment de joie quand je travaille. J’évite ce qui m’ennuie, je privilégie ce qui me vient facilement et me fait rire. Je préfère me laisser porter par le courant plutôt que lutter contre les éléments.
Comment êtes-vous devenue auteure de bandes dessinées ?
J’ai commencé à faire un fanzine en 2003, sous l’influence de la scène alternative suédoise, plus particulièrement le magazine Galago. Qui a d’ailleurs ensuite édité mes travaux.
Vous avez aussi une activité radiophonique…
Oui, je participe à une émission de satire politique, qui brocarde quotidiennement ce qui se passe en Suède et ailleurs. Une opportunité que j’ai eue grâce à mes bandes dessinées, qui ont plu aux gens de la radio !
Propos recueillis (par mail) et traduits de l’anglais par Laurence Le Saux
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Les Sentiments du Prince Charles
Par Liv Strömquist.
Rackham, 18€, le 21 septembre 2012.
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Images © Rackham.
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