L’Obéissance **
Par Franck Bourgeron, d’après le roman de François Sureau. Futuropolis, 17 €, le 5 novembre 2009.
La guerre et ceux qui la conduisent ne sont pas à une absurdité près. Alors que les combats de la Première Guerre mondiale font rage dans le Nord de la France, l’état-major parisien accède à une demande du gouvernement belge: envoyer dans le Plat Pays un bourreau pour exécuter un prisonnier condamné à mort. Une équipe de soldats, un exécuteur des hautes oeuvres et une guillotine partent donc pour le front, mais pas pour se battre, simplement pour se faufiler entre les lignes afin de donner la mort à un seul homme…
Le patriotisme, le suivi (aveugle ou non) des ordres donnés, la peine de mort, l’engagement, tous ces thèmes lourds et complexes sont abordés avec subtilité dans ce récit violent et lourd, sorte de road-movie absurde plein de boue et de cendres. Entre le bourreau paniqué à l’idée de voir des cadavres de soldats, l’officier gueule-cassée et casse-cou et les gradés pensant plus à leur avancement personnel qu’au bien être des trouffions, L’Obéissance est une galerie de portraits désabusée dans un monde qui prend fin. Mais, malgré tout le talent de Franck Bourgeron (Extrême Orient, La Saint Trinité…), le texte de François Sureau (publié en 2006 chez Gallimard) a un peu de mal à devenir une bonne bande dessinée. Les voix off sont nombreuses, mais une certaine confusion règne sur qui prend la parole; du coup, on confond un peu les personnages, et on s’y intéresse moins. Cette abondance de récitatifs plombe également les séquences, qui tiennent parfois plus du texte illustré que de la BD. Le dessin de Franck Bourgeron – au trait noir vif et soutenu par des trames – ainsi que les belles couleurs de Claire Champion, ne sont pas en cause, mais force est de constater que l’auteur s’est laissé submerger par le texte original. L’album alterne ainsi moments forts et passages ennuyeux, dans un entre-deux permanent un peu usant.
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