Loïc Dauvillier décortique la violence conjugale
Il ose se pencher sur un sujet délicat, à prendre avec pincettes et gants. Dans Inès – un album dessiné par Jérôme d’Aviau -, le scénariste Loïc Dauvillier (La Petite Famille, Ce qu’il en reste) raconte l’histoire d’une femme battue par son compagnon. Un sujet qui le touche, mais de loin – puisqu’il précise n’être proche de personne dans ce cas. Et qui l’interroge beaucoup.
Comment l’idée d’une bande dessinée sur ce thème a-t-elle germé en vous?
C’est arrivé par accident. J’ai été indirectement confronté à ce problème. Une fois en entendant des cris chez des voisins. Une autre à l’âge de 19 ou 20 ans, dans une fête: un homme battait sa femme. À plusieurs, nous nous étions interposés pour les séparer. Or la femme nous avait alors insultés, en prenant le parti de son compagnon. Dans ce cas, on se demande forcément comment on peut rester en couple dans cette situation…
Vous êtes-vous documenté sur la violence conjugale?
Par nature, je me pose énormément de questions, cela m’aide à grandir et à me construire. Donc j’effectue beaucoup de recherches pour avoir des réponses à ces questions. Depuis cinq ans environ, je consulte des forums. Je ne sais pas exactement d’où est venue l’impulsion de faire un livre de ce sujet. Peut-être n’avais-je pas envie de garder tout ça pour moi.
Vous avez choisi de raconter un cas particulier…
Inès est un huis-clos, on franchit au début la porte d’un appartement par le biais des voisins, et on n’en sort ensuite presque plus. Dès le départ, le lecteur est dans la position des voisins justement, il est spectateur des mécanismes de la violence. Ces derniers sont toujours les mêmes, bien que chaque cas de violence soit particulier.
Cherchiez-vous à dénoncer une situation, à prendre position?
Non, juste à faire un constat. Dire « ce n’est pas bien » n’apporte strictement rien. Les lecteurs comprennent bien que je ne suis pas du côté de celui qui bat sa femme, mais j’aimerais les amener à se poser des questions, à chercher leurs propres réponses.
Pourquoi faire référence dans votre titre à la petite fille de ce couple déchiré?
J’ai choisi d’appeler l’album Inès, comme la fillette, car on met peu souvent en avant les enfants dans les cas de violence conjugale. On se demande comment cette gamine va s’en sortir. Sans elle, qui la relie fortement à son compagnon, peut-être que sa mère trouverait la force de quitter son domicile.
Pourquoi avoir confié le dessin de cette histoire à Jérôme d’Aviau?
Nous avons déjà travaillé ensemble sur Ce qu’il en reste et Nous n’irons plus ensemble au Canal Saint-Martin. Drugstore, le premier éditeur à avoir montré de l’enthousiasme pour Inès, m’a invité à lui proposer une nouvelle collaboration, et ce fut comme une évidence. J’aime le pathos, mais je savais qu’il en fallait peu pour Inès. Le trait et la sensibilité de Jérôme évitent tout misérabilisme.
Quels sont vos projets?
Je prépare avec Jérôme d’Aviau, justement, la suite de Ce qu’il en reste, qui s’appellera Théo (Les Enfants rouges). On y racontera la séparation d’un couple, et ce qui s’ensuit: la mort de l’homme, Théo, d’une rupture d’anévrisme, et la culpabilité que ressent ensuite la femme. Elle va de plus découvrir des choses sur lui qu’elle ne soupçonnait pas. Ce sera un album de deux ou trois cents pages, au format carré. J’en ai découpé les deux tiers, mais Jérôme n’a pas encore attaqué le dessin. Pour Les Enfants rouges toujours, je prépare un recueil de nouvelles graphiques avec Clotka. Et j’ai aussi plein d’autres albums en cours… [Dont la liste est à consulter sur son site]
Propos recueillis par Laurence Le Saux
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Inès
Par Jérôme D’Aviau et Loïc Dauvillier.
Drugstore, 15 €, le 10 mars 2009.
Achetez Inès sur Amazon.fr
La fiche de l’album sur NouvellesBD.com.
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Très bon album, qui hélas se lit rapidement. Par contre mauvaise nouvelle pour la suite de « Ce qu’il en reste » qui ne doit sortir qu’en 2010, enfin plus que 9 mois.
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Très bon album, qui hélas se lit rapidement. Par contre mauvaise nouvelle pour la suite de « Ce qu’il en reste » qui ne doit sortir qu’en 2010, enfin plus que 9 mois.
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Grosse gestion du graphisme et de la narration, mais n’apporte rien, n’analyse rien, ne décortique rien, n’explique rien… Il se lit vite et malheureusement ne se relie pas…. juste un fait divers simplement mis en dessin sans rien apporter.
Dommage car ya du talent.
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Grosse gestion du graphisme et de la narration, mais n’apporte rien, n’analyse rien, ne décortique rien, n’explique rien… Il se lit vite et malheureusement ne se relie pas…. juste un fait divers simplement mis en dessin sans rien apporter.
Dommage car ya du talent.
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