Loin d’être parfait ****
Par Adrian Tomine. Delcourt, 14,95 €, le 5 novembre 2008.
Ben Tanaka gère une salle de cinéma en Californie. Il a une copine, une meilleure amie et un gros problème de confiance en lui. Mais il n’y a pas que ça. Il est asiatique-américain comme on dit là-bas. Et son origine japonaise est au coeur d’engueulades quotidiennes avec Miko, sa copine, elle aussi de filiation nipponne. En effet, si Ben ne souhaite absolument pas mettre ses racines au centre de son affirmation personnelle, Miko revendique l’inverse.
Pour son premier récit de très longue haleine, Adrian Tomine aborde de front un sujet qu’il n’avait fait qu’effleurer auparavant. Mais la question identitaire n’est pas la seule au coeur du livre de cet Américain de 34 ans, lui-même d’origine japonaise. Comme à son habitude, il excelle à décortiquer les relations humaines – amicales et amoureuses. Le passage de l’adolescence à l’âge adulte, thème déjà évoqué dans de précédents récits courts, est une nouvelle fois décrit avec une grande intelligence.
Le procédé utilisé par Adrian Tomine est étonnant d’efficacité. Car sa bande dessinée est en réalité une succession de longues séquences de discussions, sans véritable action. Mais ces scènes sont toutes passionnantes, tant les dialogues sonnent justes et évitent les réparties gratuites ou les sentences définitives. Les passages de silence n’en sont que plus touchants. Les cadrages sont bien choisis et les mimiques sur les visages précisément brossées. Adrian Tomine se défait de l’influence de Daniel Clowes qui transparaissait dans ses premiers récits, et c’est tant mieux.
À noter que Delcourt publie, en même temps que Loin d’être parfait, un excellent recueil d’histoires courtes, intitulé Insomnies et autres histoires. Celui-ci reprend les histoires parues dans le recueil Les Yeux à vif, augmenté d’histoires inédites.
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J’adore Adrian Tomine
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J’adore Adrian Tomine
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