Louise Michel, la Vierge rouge
Paris, 22 janvier 1905 : la capitale se teinte du rouge et du noir des étendards socialistes et anarchistes brandis en ultime hommage à Louise Michel, morte treize jours plus tôt. La route du cortège funéraire croise celle de deux femmes venant de se rencontrer. L’une a réellement existé : il s’agit de Charlotte Perkins Gilman, écrivaine et figure majeure du féminisme étasunien. La seconde – créée par Mary M. Talbot – est une jeune Française prénommée Monique, dont la mère fut l’amie de Louise Michel. De celle-ci,l’Américaine ne sait finalement que peu de choses. En répondant à ses questions, Monique retrace peu à peu quelques-uns des épisodes les plus saillants de la vie de l’anarcho-féministe.
Ce n’est en effet pas une biographie exhaustive de Louise Michel que propose le scénario de Mary M. Talbot. Celui-ci se concentre essentiellement sur le rôle joué par la Vierge Rouge durant la Commune, ainsi que sur sa déportation en Nouvelle-Calédonie. Fidèle au parti-pris féministe de ses scénarii précédents – Dotter of Her Father’s Eyes et Sally Heathcote, suffragette, déjà illustrés par son époux Bryan Talbot et scandaleusement inédits en français ! –, Mary M. Talbot insiste plus particulièrement sur la lutte acharnée de Louise Michel contre la domination masculine. La Britannique apporte, en outre, un éclairage sur le soutien apportée par Louise Michel à la cause kanake.
Nourri par d’abondantes recherches, ce portrait historique et empathique de Louise Michel en pasionaria féministe et antiraciste est idéalement mis en images par Bryan Talbot. Son trait précis et son art du cadrage combinent en une même planche exigence documentaire et souffle héroïque. L’auteur du steampunk Grandville restitue tout aussi brillamment des plongées ponctuelles dans l’imagination débordante de Louise Michel : une révolutionnaire dont l’engagement tira sa force aussi bien de son observation critique du réel que de son imaginaire utopique !
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