Low #3
Sublime space opera sans l’espace (l’intrigue se passe sur Terre, dans un futur lointain où l’éclat du soleil a fini par rendre la surface inhabitable), Low est une série doloriste. Rick Remender, le scénariste, a décidé de mettre rudement à l’épreuve l’optimisme constitutif de son héroïne principale, Stel. L’ascension de cette dernière depuis les abysses, où l’humanité et toute autre forme de vie intelligente s’est réfugiée pour survivre, fait figure de chemin de croix. Rien ne lui a été épargné (mari tué sous ses yeux, filles enlevées, fils tombé dans la drogue, etc.) et la voilà dans ce tome 3 enfin parvenue, après deux volumrd exclusivement subaquatiques, à la surface en quête d’une sonde qui aurait détecté un monde habitable dans les étoiles.
L’exploration de ce qui reste des terres émergées par Stel est excitante et rappelle combien Remender excelle à créer des mondes, comme dans Black Science ou Fear Agent. Avec le niveau de radioactivité qui règne au sol, les choses ne sont pas plus reluisantes à la surface que sous l’eau. Ici aussi, la loi du plus fort entre espèces mutantes règne. Mais le vrai focus de ce tome est mis sur une autre intrigue, à savoir ce qu’il reste d’ascension à effectuer pour les deux filles de Stel, réunies mais encore la tête sous l’eau : Tajo élevée chez les pirates au contact desquels elle a développé des penchants meurtriers, et Della, encore très marquée par le régime totalitaire, dans lequel elle a grandi, où l’espoir est illégal .
Autant prévenir, aucune des deux intrigues n’est spécialement porteuse de réconfort. Low n’est pas une partie de rigolade et heureusement, la noirceur du propos est-elle contrebalancée par le chatoiement des couleurs proposé par le surdoué Greg Tocchini. Le Brésilien montre qu’il est aussi à l’aise sur terre que sous l’eau et, sous le soleil brûlant, peut cette fois céder totalement à son penchant pour les teintes chaudes. Forme et fond se répondent pour rendre le calvaire enduré par les héroïnes éblouissant à regarder. Et le plus incroyable, apprend-t-on dans l’entretien bonus avec Remender qui figure en fin de volume, c’est que les deux hommes, qui travaillent ensemble depuis 2009 et The Last Days of American Crime, collaborent de manière aussi organique sans parler la même langue. Tocchini ne parle pas anglais et Remender, pas le portugais. Comme quoi, le talent peut faire office de très convaincant esperanto.
Publiez un commentaire