Lucha Libre : bas les masques !
Interviewer l’équipe de Lucha Libre au complet (ou presque) était un défi que BoDoï se devait de relever. En tournée de promotion internationale (la Californie, la Sarthe, le Quartier latin…), Jerry Frissen et ses dessinateurs masqués s’amusent à répondre n’importe quoi aux questions qu’on leur pose. Et semblent y prendre autant de plaisir qu’à créer, chaque trimestre, leur anthologie pour Les Humanos.
« C’est la première fois qu’on se retrouve tous ensemble. » La bande qui anime depuis plus de deux ans Lucha Libre est aussi remuante que des collégiens en voyage scolaire. « Quand même, j’espérais me déplacer en mini-bus…», glisse Nikola Witko. Fondée en 2006, sous l’impulsion de Jerry Frissen et Bill, l’équipe de Lucha Libre s’est vite étoffée pour constituer la force de frappe d’un épais périodique trimestriel, dans lequel coexistent plusieurs séries – qui deviendront ensuite des albums cartonnés. L’univers débridé de cette petite troupe mélange avec bonheur aventure, fantastique, baston et humour, sur fond de catch mexicain. Romuald Reutimann, le dernier arrivé – pour remplacer Hervé Tanquerelle sur les Luchadoritos -, résume l’esprit qui anime le projet : « C’est fun, simplement fun ! On a besoin de séries comme Lucha Libre, qui offrent une totale liberté. »
Pendant que tout le monde commande des tartes au citron, Bill (dessinateur des Luchadores Five) explique son attrait pour la lutte libre sud-américaine et ses combattants masqués : « En fait, Lucha Libre n’est pas une BD qui parle de catch. Il s’agit plutôt d’un hommage aux films mexicains des années 60, comme ceux d’El Santo. » Jerry Frissen, scénariste en chef, précise : « On fait plus référence aux fans de catch qu’aux catcheurs. Comme dans le cas de StarWars, les fans se révèlent beaucoup plus drôles que ceux qu’ils vénèrent. » Dans les BD, il est ainsi question de héros masqués qui vivent dans des caravanes, s’ennuient ou pointent au chômage. « Attention, ce ne sont pas des losers, reprend Jerry Frissen. Ils ont une mission, comme combattre les loups-garous, par exemple. Mais autour d’eux, tout le monde s’en fout. De plus, ils ont choisi de vivre avec un masque, ce qui fait d’eux la cible des quolibets et de la caillasse. »
Pour les auteurs, le catch est donc avant tout un parti-pris esthétique qui permet de « réintroduire de la culture pop dans la BD », souligne Nikola Witko. Le créateur de l’ignoble Profesor Furia part alors dans une discussion avec Gobi (auteur de Tequila) sur le film japonais Le Calamar catcheur, qui leur a fait forte impression… Assis autour d’une table du joli café parisien « La Lucha Libre », les auteurs sont intenables et vannent sans cesse Jerry Frissen. Qui répond avec une voix douce et un accent belge : « Ils contestent toutes mes décisions. Alors je râle, je pleure… Et après, ils se moquent de moi. »
Ce dernier se réjouit tout de même du succès de la série, notamment aux États-Unis, où elle a été nommée cette année aux Eisner Awards. « Si ça marche là-bas, c’est parce qu’ils croient que c’est américain. Les livres ne sont donc pas rangés avec ces trucs d’Europe que personne ne comprend. Je suis bien content d’avoir été nommé en catégorie humour et pas dans celle de la BD étrangère. En Californie, où je vis, je suis un peu l’équivalent de Pierre Palmade. »
Plus sérieusement, les créateurs de Lucha Libre verraient bien leur univers se prolonger sur écran. « Nous aimerions évidemment en faire un dessin animé, précise Fabien M., dessinateur des Tikitis. Mais nous ne souhaitons pas simplement céder la licence, nous voulons être impliqués et créer quelque chose de vraiment classe. Donc nous prenons notre temps. » Tout le monde s’accorde toutefois à dire que l’idéal serait d’en faire une série télé à gros budget, avec des spin-offs dans tous les sens. « Jerry, va voir les gens de HBO [la chaîne qui a produit Les Sopranos ou Rome] !», lance Romuald Reutimann. « D’accord, j’y vais la semaine prochaine », répond l’intéressé. Mais in fine, c’est un film live pour le cinéma qui est officiellement en route.
Forte de cette réussite, Lucha Libre va continuer à se renforcer avec l’arrivée prochaine de nouveaux auteurs. Pour les fans, Jerry Frissen annonce également une couverture spéciale pour le n°10 (printemps 2009), une visite des Tikitis dans la Brasilia des années 60, des catcheurs-requins et des dieux aztèques, le come-back des frères Bogdanov… Un cocktail de jouvence pour la BD franco-belge, que Gobi résume sereinement : « Tu peux bien raconter ce que tu veux, si c’est bien foutu, ça marche. »
Benjamin Roure
Images © Lucha Libre – Les Humanos
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Tout l’univers Lucha Libre chez Les Humanoïdes Associés :
Lucha Libre #8. Collectif. 9,90 €.
Luchadores Five #1. Par Bill et Jerry Frissen. 12,90 €.
Les Tikitis #1. Par Fabien M. et Jerry Frissen. 12,90 €.
Tequila #1. Par Gobi et Jerry Frissen. 12,90 €.
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Blog de Frissen : http://fr.muttpop.com
Blog de Fabien M : http://fabien-m.blogspot.com
Blog de Gobi : http://goblog-gobi.blogspot.com
Blog de Tanquerelle : http://tanquerelleherve.blogspot.com
Cantina La Lucha Libre : http://www.laluchalibre.fr
Cliquez sur les images ci-dessous pour les voir en grand!
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La Lucha Libre est vraiment le seul projet original de ces 10 dernières années facile, en terme de Bande dessinée d’action, d’aventure et d’humour réunit !
De plus d’être collectif, on a vraiment une impression d’atelier à la « Marcinelle ». On sent les dessinateurs proches, presque à se demander entre les Luchadores Five, les Tikitis et Tequila, si il’n y a pas eu des échanges de planches pour se compléter et s’entraider sur la position d’une prise de catch, ou un décors… c’est du tout bon ! Et Jerry Frissen est une sorte de Stan Lee qui dirige tout ces projets, c’est du très bon !
Viva la Lucha Libre !
Il est dommage que le jury de la sélection des essentiels d’Angoulême n’ait pas retenu ce collectif, pourtant nommés aux Einser Awards au Comic Con de San Diego (catégorie humour). Et pourtant, ça mérite sa place comme un essentiel ! -
La Lucha Libre est vraiment le seul projet original de ces 10 dernières années facile, en terme de Bande dessinée d’action, d’aventure et d’humour réunit !
De plus d’être collectif, on a vraiment une impression d’atelier à la « Marcinelle ». On sent les dessinateurs proches, presque à se demander entre les Luchadores Five, les Tikitis et Tequila, si il’n y a pas eu des échanges de planches pour se compléter et s’entraider sur la position d’une prise de catch, ou un décors… c’est du tout bon ! Et Jerry Frissen est une sorte de Stan Lee qui dirige tout ces projets, c’est du très bon !
Viva la Lucha Libre !
Il est dommage que le jury de la sélection des essentiels d’Angoulême n’ait pas retenu ce collectif, pourtant nommés aux Einser Awards au Comic Con de San Diego (catégorie humour). Et pourtant, ça mérite sa place comme un essentiel !
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