Lulu la sensationnelle
En 1977, Lulu est une enfant. « Le vent d’automne nous semblait bien froid, et les nouvelles diffusées à la radio n’étaient pas faites pour nous réchauffer. » La gamine vit avec sa mère, femme au foyer qui « aimait voir danser Gene Kelly », et son père, lecteur-correcteur amateur des films de Woody Allen. Lulu, elle, dessine dès qu’elle le peut.
Une enfance britannique comme une autre ? Pas vraiment. Car un jour, la génitrice de Lulu déménage… dans les toilettes. « Elle doit avoir mal au ventre », en déduit l’enfant, en toute logique. Mais voilà, sa mère ne sort plus. Son père fait mine de trouver cela normal, et Lulu mange, mange, mange et grossit, provoquant les railleries de ses camarades d’école…
Lulu la sensationnelle est un petit bijou. Sans pathos ni misérabilisme, l’Anglaise Helen Blejerman raconte sa propre histoire, celle d’une fillette boulimique, harcelée, fragilisée par une mère schizophrène. Elle opte pour une bichromie presque guillerette, un trait simple et fluide, et ne montre que les décors, les objets, le cadre de la vie de Lulu. Empruntant habilement un chemin détourné pour raconter le mal-être, la dépression, le désespoir, la culpabilité. Une chronique psychologique intelligente, nimbée de poésie.
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