Par Sam Garcia et Sophie Ansel. Delcourt, 22,95 €, le 6 juin 2012.

Thazama grandit dans un petit village de Birmanie. Jeune homme, il étudie à l’université de Mandalay, où il apprend les valeurs de la démocratie – si éloignée du gouvernement birman en place – et de la contestation. En marge d’une manifestation, il est fait prisonnier par l’armée. Il s’évade quelques années plus tard et fuit vers la Thaïlande, puis la Malaisie. Alors qu’il se croit en chemin vers la liberté, il fait route vers l’enfer. Des trafics d’êtres humains aux opérations de nettoyage, Thazama et ses compagnons d’infortune passent d’un esclavage à l’autre, apprenant que l’exil n’est qu’une « dictature mutante ».

Lunes Birmanes prend aux tripes. Les couleurs vives du dessinateur espagnol Sam Garcia mettent le feu à chaque planche et la terrible histoire des exilés birmans ne laisse aucun répit au lecteur pendant 200 pages. Très documenté, et nourri de nombreux témoignages, le récit est haletant. Avec Thazama, on court pour échapper aux coups, à la torture ou aux viols. On court pour se soustraire à ces hommes aux dents carnassières : ceux de la junte et des milices.

« Utilisez votre liberté pour promouvoir la nôtre », déclare Aung San Suu Kyi dans le livre. Si la bande dessinée a l’immense mérite d’ouvrir les yeux sur une réalité souvent ignorée, un certain manque de sobriété et de recul quant au sujet la rend parfois difficile à lire. Leur message n’aurait probablement pas perdu en intensité si les auteurs nous avaient simplement murmuré ce qu’ils ont choisi de crier.

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