Ma petite louve
Anouk et son frère Sasha emménagent avec leur père dans une maison à la campagne. Loin de la ville et des souvenirs meurtris de la maman, assassinée lors d’un attentat dans une salle de concert. Le père est en dépression, Anouk est pleine de colère et Sasha ne parle plus. L’accueil au village par leur oncle, frère de la défunte, n’est guère chaleureux. Et au collège, ce n’est pas vraiment mieux. Jusqu’à ce que les deux enfants découvrent une portée de louveteaux abandonnés dans la forêt : ils vont tout mettre en oeuvre pour les sauver des chasseurs.
Entre la thématique du deuil à hauteur d’enfants, celles de la fratrie, de l’amitié et de la protection de la faune, il y avait matière à bonne histoire. Hélas, coincée entre le roman graphique pour adultes et la BD jeunesse, Ma petite louve tombe souvent à côté. La question du deuil de la mère et du traumatisme des attentats du Bataclan est traitée avec trop peu de subtilité, notamment par les portraits caricaturaux des personnages : le papa obsédé par les vidéos du passé, l’oncle en colère contre tout (les enfants, les terroristes, les loups…) et les gamins aux réactions peu crédibles. Le sauvetage des louveteaux, au coeur de l’intrigue, ne fonctionne pas non plus, là aussi souffrant d’un manque de réalisme et/ou de la faiblesse de la métaphore. On ne comprend pas bien où veut en venir Camille Garoche avec une intrigue si plate, linéaire et tirée par les cheveux, et un ton qui ne sonne pas juste. Dommage, car son graphisme doux et ses belles ambiances colorées demeurent attractifs. Mais la BD jeunesse réaliste doit aujourd’hui se montrer plus ambitieuse et solide pour parler des thèmes qui touchent les enfants et ados, à l’image des livres de Nora Dåsnes (L’Année où je suis devenue ado, L’Année où j’ai sauvé la forêt) ou de Max de Radiguès et Hugo Piette (Eddie & Noé). Ici, on en est assez loin.
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