Macadam Byzance
Ilitch aime son quartier et ses amis. Presque autant que les santiags et le chapeau américain de son gitan de paternel, relique d’un temps passé mais duquel il est fier. Il aime écrire aussi, un jour il l’écrira son roman. Mais en attendant, faut se débrouiller pour vivre, dans cette lointaine et pauvre banlieue. En même temps, avec son pote Hervé, benêt mais le coeur sur la main, et toute la bande de poivrots chaleureux qui traîne autour du bar ou de la baraque à frites de la belle Émilie, voilà une famille tellement géniale qu’on ne voit pas vraiment de raison de la quitter.
Humour potache, calembours bien sentis et tonitruant cri d’amour pour l’importance d’avoir une bande de copains : voilà les trois excellentes nouvelles de cet album, superbement mis en dessin par un Pierre Place en très grande forme. Imaginé par Pierrick Starsky, créateur de feu la revue Aaarg! et scénariste du sombre Chroniques de nulle part, ce petit monde d’ivrognes au grand coeur est à tour à tour enthousiasmant, irritant, désopilant, comme une longue soirée à refaire le monde autour d’une caisse de bières et de litres de pastis. La voix off goguenarde de l’antihéros narrateur, les réparties débiles d’Hervé, les jeux de mots de Mo, les remarques cinglantes de Mado et Madame Pinchon… Pierrick Starsky a su trouver un ton et une voix, et ça, c’est rare. Et Pierre Place, en s’inspirant des trognes d’auteurs de chez Fluide pour mieux asseoir son trait réaliste dopé d’un délicieux soupçon de caricature, construit un petit théâtre convaincant et attachant, plein de couleurs et de bonne humeur. On irait presque y passer nos vacances, là-bas, avec la bande de Macadam Byzance.
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