Par Lelio Bonaccorso et Marco Rizzo. Ankama, 13,90 €, le 20 octobre 2011.

Tout est dans le sous-titre : « L’histoire vraie d’un journaliste face à la Cosa Nostra ». Donc voilà, nous sommes à la fin des années 70 en Italie, au moment où les Brigades rouges kidnappent et assassinent le politicien Aldo Moro. Mais à Cisini, en Sicile, un homme gène : le journaliste Peppino Impastato tourne régulièrement en dérision la scène politique locale sur les ondes de sa radio libre, pointant sans détour la collusion avec la mafia, et les actes criminels de cette dernière. Candidat à l’élection municipale, il finit assassiné, attaché sur une voie ferrée avec une charge de dynamite placée sous son corps…

Un peu comme dans C’est pour ça que je m’appelle Giovanni, autre BD italienne sur la mafia (l’histoire du juge Falcone) sortie cette année, les auteurs racontent le passionnant parcours de ce journaliste engagé, mort à 30 ans pour avoir ouvert sa gueule contre la mafia sicilienne, en partant de la fin et en reconstituant le fil des événements. Le procédé est didactique et se veut édifiant, et on ne peut lui reprocher son efficacité. Mais il perd un peu en humanité. En effet, les personnages, Impastato en premier, deviennent ainsi des marionnettes pas suffisamment incarnées, car décrits avec trop de distance. On les voit évoluer, se mettre en danger, on s’inquiète un peu pour eux, d’accord, mais on ne se sent jamais vivre à leurs côtés, et c’est dommage. On aurait aimé un récit moins hagiographique et plus biographique, collant davantage aux basques de ce chevalier solitaire et tentant de cerner précisément ses motivations et sa personnalité. D’autant que le trait de Lelio Bonaccorso est épatant de fluidité et d’expressivité. Un peu comme le précédent volume de la collection Hostile Holster, voici une demi-déception (mais donc une demi-réussite aussi, hein).

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