Magic Pen
Sam Zabel est auteur de bande dessinées. Mais il est en panne, en pleine dépression artistique et personnelle. Il n’arrive plus à dessiner son projet autobiographique, ni même à écrire les stupides scénarios du comics héroïque Lady Night. Un jour qu’il traîne son spleen dans un congrès universitaire, il découvre grâce à une drôle de geekette une vieille BD bizarre… dans laquelle il va littéralement être projeté ! Et découvrir l’existence d’une plume magique, qui permet à son propriétaire de dessiner le monde de ses rêves pour ensuite s’y réfugier…
Comme dans son chef d’oeuvre Hicksville, le Néo-Zélandais Dylan Horrocks tente de sonder ce qui compose l’essence des bandes dessinées, cet ingrédient secret et impalpable qui fait qu’on est envoûté par un monde inventé de toutes pièces, et dont on gardera le parfum nostalgique en tête des années durant. Dès lors, il explore aussi le reflet psychanalytique de la création, c’est-à-dire l’exposition en cases et planches des fantasmes de l’auteur. Magique, poétique, critique (les attaques contre la misogynie des comics sont nombreuses), la mise en abyme d’Horrocks trouve la bonne alchimie entre introspection et aventure, et suscite une réflexion intéressante sur ce qui pousse un auteur à écrire des BD, un lecteur à vénérer un personnage, un homme à faire des choix. On regrette toutefois une certaine tendance à la répétition des situations et des dialogues, les moments de tension – érotique, fantastique, mortelle – étant dès lors dilués dans un ensemble parfois redondant. Et, alors qu’on partait sur les mêmes bases, on ne retrouve pas la même ambiance chargée de mystère qui avait fasciné dans Hicksville... Mais la ligne claire chaleureuse et sans chichis, associée à des couleurs douces, et surtout un propos sincère et profond, font de ce Magic Pen un roman graphique original qui vaut le détour, notamment pour ceux qui n’ont jamais lu Hicksville, pour lequel il constitue une bonne porte d’entrée.
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