Maison Ronde
« Par où commencer ? », se demande-t-il, complètement paumé, en arrivant à la Maison de la Radio à Paris. C’est que le bâtiment circulaire imaginé par l’architecte Henry Bernard, inauguré en 1963, a de quoi perdre son visiteur. Les sept radios nationales — quand elles ne sont pas installées une rue plus loin, pour cause de travaux — et quatre formations musicales du groupe public y logent. Charlie Zanello s’est fixé pour mission de raconter cette Maison ronde « de fond en comble ».
Mais par quel bout, donc, prendre Radio France ? L’auteur commence de façon simple et un peu convenue, nous emmenant en visite avec une hôtesse d’accueil. Il joue sans peine les Candide, invente un fantôme bien commode qui lui livre des petits secrets sur les lieux. Avec humour, il met en scène son désarroi face à la masse d’informations, d’animateurs, de journalistes, de studios, de couloirs auxquels il fait face.
Croqué de façon rapide et vive, le groupe public est assez bien incarné au fil de ces (presque) deux cents pages. Son côté institutionnel, écueil difficilement contournable, apparaît finalement assez faiblement. Malgré une coédition de son album avec Radio France, l’auteur semble avoir eu totale liberté : il aborde avec justesse la fronde des salariés de France Bleu suite à la diffusion de leurs matinales sur France 3 ; il fustige avec légèreté une émission inconsistante du midi du même réseau ; il campe un directeur de France Musique surexcité, ou une tranche de Mouv’, la station jeunes, assez inepte ; il pointe « l’odeur de souris morte » qui flotte dans des studios refaits à neufs, parfois inutilisables. Enfin, il rend bien compte de l’incompréhension, de la stupeur du personnel face au drastique plan d’économies demandé par le gouvernement. Sa Maison Ronde, plus qu’une visite guidée lambda et malgré quelques petites piques, se transforme alors en déclaration d’amour à un lieu d’exception.
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