Par Simon-Pierre Mbumbo et Edimo. Les Enfants rouges, 15 €, le 21 août 2009.

Depuis dix ans « d’une vie de merde », il loge dans une chambre de bonne à Paris. Malamine est un intellectuel africain arrivé en France plein d’espoir. « Ton gros diplôme va casser toutes les barrières », lui disait-on dans son pays.  Il n’en est rien, puisque le voilà brancardier pour pouvoir se nourrir. Amer, cet homme encore jeune trouve le « peuple français » vulgaire, accuse un couple qui s’embrasse d’imposer « ses instincts sexuels aux autres », et n’en peut plus de se faire bousculer dans le métro…

Voilà un héros – ou presque anti-héros – intéressant, parce que devenu intolérant. Imaginé par le Camerounais Edimo, Malamine concentre les frustrations d’un immigré ignoré par son pays d’accueil. Enrageant de ne voir ses qualités reconnues et exploitées, il s’enferre dans la haine, allant jusqu’à l’extrémisme politique le plus aveugle. Il reviendra toutefois à ses esprits, rendant la fin de l’histoire morale. Le crayon de Simon-Pierre Mbumbo, camerounais lui aussi, épouse parfaitement ce récit heurté et désespéré. Le dessinateur a opté pour un trait hachuré noir et blanc, proche du crayonné. Il effleure ainsi les visages et silhouettes, sans ôter un gramme d’intensité à Malamine.

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