Le talentueux Manuele Fior met son dessin au service du texte incontournable de Romain Gary, qui reçut le Goncourt en 1975 pour La Vie devant soi, qu’il signa sous le pseudonyme d’Émile Ajar.

Ce roman illustré publié chez Futuropolis est indéniablement une pépite à glisser sous le sapin. On y retrouve la verve de la langue du petit Momo, môme de Belleville élevé par Madame Rosa. Un petit garçon arabe né d’une prostituée, recueilli par une vieille juive rescapée de l’horreur nazie. Mais rien de déprimant dans tout cela, on sourit tant la langue est tendre et savoureuse, et les personnages secondaires attachants telle Madame Lola, travesti gagnant sa vie au Bois de Boulogne. C’est tout cela que Manuele Fior parvient à nous transmettre dans ses dessins aux tons or et ocre.

Tant de couleurs douces et chaudes pour habiller des êtres faits de fêlures que la vie n’a pas épargné. Madame Rosa avait été incarnée au cinéma par Simone Signoret, et Manuele Fior lui donne un nouveau visage en parvenant à se détacher de la figure de l’actrice. Son dessin rend toute leur humanité aux caractères imaginés par Ajar/Gary.

L’auteur de 5000 kilomètres par seconde (meilleur album à Angoulême 2012), du très beau récit de SF L’Entrevue (2013) ou de la plongée artistique Les Variations d’Orsay (2015), démontre donc une nouvelle fois son talent en sublimant l’écriture de Romain Gary. À ne pas manquer.

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La Vie devant soi.
Par Romain Gary/Émile Ajar et Manuele Fior.
Futuropolis, 232 p., 26 €, novembre 2017.

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