Marjane Satrapi déçoit avec « La Bande des Jotas »
Marjane Satrapi avait enthousiasmé en réalisant, avec Vincent Paronnaud (alias Winshluss), une adaptation en long-métrage animé de sa saga Persepolis. Ensuite, le duo avait récidivé avec le plus terne Poulet aux prunes, aussi tiré d’un ouvrage de l’auteure.
Pour son premier film en solo, l’artiste — qui expose par ailleurs ses peintures à Paris — se lance dans une espèce de road-movie sauvage, absurde. Elle incarne une femme paumée, dont la soeur aurait été assassinée par des mafieux. A bout de nerfs, elle se confie à deux amateurs de badminton (Mattias Ripa et Stéphane Roche), et sollicite leur protection. Mieux encore, elle parvient à les convaincre de tuer ceux qui la menacent, des hommes dont le prénom commence par un « j » — la « jota » en espagnol, d’où le titre.
Si l’on s’amuse d’abord du « j’men-foutisme » assumé de l’oeuvre, l’agacement point rapidement. Fait avec trois bouts de ficelle (Marjane Satrapi assure le scénario, la réalisation, la coproduction, le maquillage, et les costumes), le long-métrage agace par son rythme heurté, manquant cruellement de fluidité, et ses personnages superficiels, dont on ne saura finalement quasi rien. On retrouve bien l’un des thèmes fétiches de l’artiste, la quête d’identité. Mais mis en scène de façon si indolente, que l’ennui s’insinue rapidement entre les plans, occupant bientôt tout l’espace. On peine à s’intéresser aux tribulations du trio intrépide, malgré des décors naturels — le désert de Tabernas, cher à Sergio Leone — ou artificiels finement choisis. L’ensemble sonne malheureusement faux, et n’amuse pas malgré quelques timides tentatives d’humour décalé. N’est pas Tarantino qui veut.
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La Bande des jotas
Long-métrage réalisé par Marjane Satrapi.
Avec Marjane Satrapi, Mattias Ripa, Stéphane Roche, Ali Mafakheri et Maria de Medeiros.
Durée : 1h14.
En salles le 6 février 2013.
Photos © Urban Distribution.
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Persépolis fut un gros succès (grace à l’aide de David B. pour la BD, et de Winschluss pour le film). Poulet aux prunes, film en réel adapté d’une BD était assez moyen, mais attira le public. Là, par contre, on est dans le flop total; je crois qu’il n’y a même pas un cinéma sur Paris qui le programme tous les jours. Et les critiques ont été dures, même dans la presse branchée bobo qui affectionne d’habitude l’auteure….tombée bien bas!
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Bah, on peut pas tout réussir. Elle rebondira… (en bd, j’espère)
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Le film est assez marrant, genre JP Mocky.
Pourquoi doit-on supporter les commentaires de F Pincemi sur ce site, il n’a même pas vu le film et se contente de son laius habituel complêtement réac et vide de sens.
Commentaires