Par Pierre Ferrero. Les Requins Marteaux, 15 €, janvier 2013.

« Oulla! Traîne pas trop dans le coin meuf, ça a l’air chelouche! » Voilà ce que clame le rabat de la si jolie couverture de Marlisou. Et c’est un bon résumé des aventures qui vont suivre : la junkie Marlisou, après une bonne seringue, pique la dope et le fric des dealers Louison et Patrisson, et prend la poudre d’escampette. Commence alors une course-poursuite dans des univers aussi variés qu’une jungle préhistorique, un royaume glacé et médiéval, un camp de concentration nazi, une station intersidérale… Accrochez votre ceinture et ne soufflez pas dans l’éthylotest: avec Marlisou, les frissons sont garantis!

En effet, le jeune Pierre Ferrero, membre fondateur du collectif lyonnais Arbitraire (prix de la BD alternative à Angoulême en 2011), produit un feuilleton façon marabout-d’ficelle sous acide, tour à tour tordant et dérangeant, audacieux et totalement gratuit, malin et ultra-graphique. C’est en effet sa ligne quasi-cubiste et ses perspectives curieuses qui impressionnent le plus, auxquelles s’ajoutent un sens du dialogue poétique et moderne, à base de détournement du verlan, qui fait mouche.

Au fil de ce récit en forme de fuite en avant, on court après Marlisou avec la sensation grisante et flippante de marcher au bord d’un précipice: une émotion double et ambivalente rarement produite par une bande dessinée. Voilà pourquoi cet album restera sans doute comme une des révélations de l’année 2013.

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