Mars Horizon
Qu’est-ce que ça fait de marcher sur Mars? Peut-on se sentir plus “Martien” que Terrien? Voilà quelques questions qu’une mission d’exploration de la planète rouge pourrait poser. Car l’histoire de Mars Horizon n’a rien à voir avec les petits hommes verts. Écrit par l’auteure et comédienne Florence Porcel et dessiné par Erwann Surcouf, cet album a pour objectif de coller à ce que pourrait vraiment être une mission d’exploration préparatoire à une installation sur Mars.
Bienvenue, donc, nous sommes le 8 octobre 2080. Un équipage de quatre personnes ultra-préparées atterrit sur Mars. Ils sont les premiers. Pionniers d’une mission d’envergure, point de départ d’une potentielle civilisation martienne. Plus loin, sur Europe, lune de Jupiter, un vaisseau occupé par deux autres spationautes se prépare à chercher de la vie dans l’océan. Il sont médecin, ingénieure, botaniste, psychiatre, pilote… et martienne. Ou presque: le personnage principal, Jeanne Clervois, qui fait vivre aux Terriens, et donc au lecteur, ces aventures spatiales à travers des pastilles vidéo, est ici chez elle désormais. Car elle restera définitivement sur la planète, attendant les futures missions.
Présenté comme un “docufiction” ou de la “vulgarifiction”, ce premier opus d’Octopus, une nouvelle collection savante lancée par Delcourt et dirigée par Boulet et Marion Amirganian, est d’abord un vrai récit, avec des personnages attachants et des rebondissements qui ne sont pas qu’un prétexte à la pédagogie. On s’attache vite à ce groupe d’amis-amants aux relations ultra-conditionnées. Leur rapport à cette planète lointaine qu’ils projettent de fouler depuis des années est décrit avec une vraie complexité. Un large spectre de questions qu’un projet de vie sur Mars pourrait poser est abordé : comment y mesure-t-on le temps? comment y fait-on l’amour? comment s’y nourrir sur le long terme? Un petit bémol, la partie de la mission qui se déroule sur Europe, expliquée assez tardivement dans l’histoire, casse un peu la compréhension de l’ensemble.
Dommage aussi que la couverture de l’album, en assombrissant les silhouettes de ces pionniers de la civilisation martienne, ne donne pas assez à voir la dimension profondément humaine de cette épopée. À l’inverse, les dessins au crayon extraits du journal de bord de l’héroïne, qui parsèment le récit coloré de poétiques respirations, donne un côté documentaire à chaud vraiment réussi. Car au-delà d’une aventure technologique et scientifique, Mars Horizon est avant tout un joli voyage émotionnel.
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